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semblaient assez à ceux de l’homme et du chien, seulement ils me parurent plus petits et beaucoup plus agiles ; ils traversaient en un instant le champ du microscope ; leurs filets ou leurs queues me parurent être beaucoup plus courtes que celles de ces autres animaux spermatiques, et j’avoue que, quelque soin que je me sois donné pour les bien examiner, je ne suis pas sûr que quelques-unes de ces queues ne fussent pas de fausses apparences produites par le sillon que ces globules mouvants formaient dans la liqueur qu’ils traversaient avec trop de rapidité pour pouvoir les bien observer ; car d’ailleurs cette liqueur, quoique assez fluide, se desséchait fort promptement.

XXI

Je voulus ensuite examiner la liqueur séminale du bélier ; mais, comme je n’étais pas à portée d’avoir de ces animaux vivants, je m’adressai à un boucher, auquel je recommandai de m’apporter sur-le-champ les testicules et les autres parties de la génération des béliers qu’il tuerait. Il m’en fournit à différents jours, au moins de douze ou treize différents béliers, sans qu’il me fût possible de trouver dans les épididymes, non plus que dans les vésicules séminales, assez de liqueur pour pouvoir la bien observer ; dans les petites gouttes que je pouvais ramasser, je ne vis que des globules sans mouvement. Comme je faisais ces observations au mois de mars, je pensai que cette saison n’était pas celle du rut des béliers, et qu’en répétant les mêmes observations au mois d’octobre, je pourrais trouver alors la liqueur séminale dans les vaisseaux, et les corps mouvants dans la liqueur. Je fis couper plusieurs testicules en deux dans leur plus grande longueur, et ayant ramassé avec le gros bout d’un cure-dent la petite quantité de liqueur qu’on pouvait en exprimer, cette liqueur ne m’offrit, comme celle des épididymes, que des globules de différente grosseur et qui n’avaient aucun mouvement : au reste, tous ces testicules étaient fort sains et tous étaient au moins aussi gros que des œufs de poule.

XXII

Je pris trois de ces testicules de trois différents béliers, je les fis couper chacun en quatre parties, je mis chacun des testicules ainsi coupés en quatre dans un bocal de verre avec autant d’eau seulement qu’il en fallait pour les couvrir, et je bouchai exactement les bocaux avec du liège et du parchemin ; je laissai cette chair infuser ainsi pendant quatre jours, après quoi j’examinai au microscope la liqueur de ces trois infusions : je les trouvai toutes remplies d’une infinité de corps en mouvement, dont la plupart étaient ovales et les autres globuleux ; ils étaient assez gros, et ils ressemblaient à ceux