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ces corps qui paraissaient animés ; j’en vis plusieurs changer de figure sous mes yeux, j’en vis qui s’allongeaient, d’autres qui se raccourcissaient, d’autres, et cela fréquemment, qui se gonflaient aux deux extrémités ; presque tous paraissaient tourner sur leur centre ; il y en avait de plus petits et de plus gros, mais tous étaient en mouvement ; et, à les prendre en totalité, ils étaient de la grosseur et de la figure de ceux que j’ai décrits dans la quatrième expérience.

XVI

Le lendemain le nombre de ces globules mouvants était encore augmenté, mais je crus m’apercevoir qu’ils étaient plus petits, leur mouvement était aussi plus rapide et encore plus irrégulier ; ils avaient une autre apparence pour la forme et pour l’allure de leur mouvement, qui paraissait être plus confus. Le surlendemain et les jours suivants il y eut toujours des corps en mouvement dans cette eau, jusqu’au vingtième jour ; leur grosseur diminuait tous les jours, et, enfin, diminua si fort que je cessai de les apercevoir uniquement à cause de leur petitesse ; car le mouvement n’avait pas cessé, et les derniers, que j’avais beaucoup de peine à apercevoir au dix-neuvième et vingtième jour, se mouvaient avec autant et même plus de rapidité que jamais. Il se forma au-dessus de l’eau une espèce de pellicule qui ne paraissait composée que des enveloppes de ces corps en mouvement, et dont toute la substance paraissait être un lacis de tuyaux, de petits filets, de petites écailles, etc., toutes sans aucun mouvement ; cette pellicule et ces corps mouvants n’avaient pu venir dans la liqueur par le moyen de l’air extérieur, puisque le bocal avait toujours été très soigneusement bouché.

XVII

J’ai fait ouvrir successivement, et à différents jours, dix lapins pour observer et examiner avec soin leur liqueur séminale : le premier n’avait pas une goutte de cette liqueur, ni dans les testicules, ni dans les vésicules séminales ; dans le second je n’en trouvai pas davantage, quoique je me fusse cependant assuré que ce second lapin était adulte, et qu’il fût même le père d’une nombreuse famille ; je n’en trouvai point encore dans le troisième, qui était cependant aussi dans le cas du second. Je m’imaginai qu’il fallait peut-être approcher ces animaux de leur femelle pour exciter et faire naître la semence, et je fis acheter des mâles et des femelles que l’on mit deux à deux dans des espèces de cages où ils pouvaient se voir et se faire des caresses, mais où il ne leur était pas permis de se joindre. Cela ne me réussit pas d’abord, car on en ouvrit encore deux où je ne trouvai pas plus de liqueur séminale que dans les trois premiers ; cependant le sixième que