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de leur individu, car ces queues n’ont aucune proportion avec le reste du corps ; elles sont de longueur et de grosseur fort différentes, quoique les corps mouvants soient à peu près de la même grosseur dans le même temps ; les unes de ces queues occupent une étendue très considérable dans le champ du microscope, et d’autres sont fort courtes ; le globule est embarrassé dans son mouvement d’autant plus que cette queue est plus longue ; quelquefois même il ne peut avancer ni sortir de sa place, et il n’a qu’un mouvement d’oscillation de droite à gauche ou de gauche à droite lorsque cette queue est fort longue : on voit clairement qu’ils paraissent faire des efforts pour s’en débarrasser.

VII

Ayant pris de la liqueur séminale dans un autre cadavre humain, récent et encore chaud, elle ne paraissait d’abord être à l’œil simple qu’une matière mucilagineuse presque coagulée et très visqueuse ; je ne voulus cependant pas y mêler de l’eau, et en ayant mis une goutte assez grosse sur le porte-objet du microscope, elle se liquéfia d’elle-même et sous mes yeux ; elle était d’abord comme condensée, et elle paraissait former un tissu assez serré, composé de filaments d’une longueur et d’une grosseur considérables, qui paraissaient naître de la partie la plus épaisse de la liqueur. Ces filaments se séparaient à mesure que la liqueur devenait plus fluide, et, enfin, ils se divisaient en globules qui avaient de l’action et qui paraissaient d’abord n’avoir que très peu de force pour se mettre en mouvement, mais dont les forces semblaient augmenter à mesure qu’ils s’éloignaient du filament, dont il paraissait qu’ils faisaient beaucoup d’effort pour se débarrasser et pour se dégager, et auquel ils étaient attachés par un filet qu’ils en tiraient et qui tenait à leur partie postérieure ; ils se formaient ainsi lentement chacun des queues de différentes longueurs, dont quelques-unes étaient si minces et si longues qu’elles n’avaient aucune proportion avec le corps de ces globules ; ils étaient tous d’autant plus embarrassés que ces filets ou ces queues étaient plus longues ; l’angle de leur mouvement d’oscillation, de gauche à droite et de droite à gauche, était aussi toujours d’autant plus grand que la longueur de ces filets était aussi plus grande, et leur mouvement de progression d’autant plus sensible que ces espèces de queues étaient plus courtes.

VIII

Ayant suivi ces observations pendant quatorze heures presque sans interruption, je reconnus que ces filets ou ces espèces de queues allaient toujours en diminuant de longueur, et devenaient si minces et si déliées qu’elles ces-