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composer, quoiqu’ils aient encore la cassure vitreuse et qu’ils aient conservé leur forme ; d’autres sont très friables et approchent de l’argile blanche.

» Les hyacinthes accompagnent souvent les grenats dans ces mêmes laves, et quelquefois on y rencontre des géodes de calcédoine qui contiennent de l’eau et d’autres agates ou calcédoines sans eau, des silex ou pierres à fusil et des jaspes de diverses couleurs ; enfin on a rencontré dans les laves d’Expailly, près du Puy en Velay, des saphirs qui semblent être de la même nature que les saphirs d’Orient. On trouve aussi dans les laves du fer cristallisé en octaèdre, du fer en mine spéculaire, en hématite, etc.

» Il y a des laves poreuses qui sont si légères qu’elles se soutiennent sur l’eau, et d’autres qui, quoique poreuses, sont fort pesantes ; la lave plus légère que l’eau est assez rare[1]. »

Après les basaltes et les laves se présentent les laitiers des volcans : ce sont des verres ou des espèces d’émaux qui peuvent être imités par l’art ; car, en tenant les laves à un feu capable de les fondre, on en obtient bientôt un verre noir, luisant et tranchant dans sa cassure ; on vient même, dit M. Faujas, de tirer parti, en France, du basalte en le convertissant en verre. L’on a établi, dans les environs de Montpellier, une verrerie où l’on fait, avec ce basalte fondu, de très bonnes bouteilles.

Nous avons déjà dit qu’on appelle pierre de gallinace, au Pérou, le laitier noir des volcans ; ce nom est tiré de celui de l’oiseau gallinazo, dont le plumage est d’un beau noir. On trouve de ce laitier, ou verre noir, non seulement dans les volcans des Cordillères, en Amérique, mais en Europe dans ceux de Lipari, de Volcano, de même qu’au Vésuve et en Islande, où il est en grande abondance.

Le laitier blanc des volcans est bien plus rare que le noir. M. Faujas en a seulement trouvé quelques morceaux dans le volcan éteint du Couerou, en Vivarais, et en dernier lieu à Staffa, l’une des îles Hébrides ; et d’autres observateurs en ont rencontré dans les matières volcaniques en Allemagne, près de Saxenhausen, aussi bien qu’en Islande et dans les îles Féroé. Ce verre blanc est transparent, et le noir le devient lorsqu’il est réduit à une petite épaisseur ; et, quand les éléments humides ont agi pendant longtemps sur ces verres, ils s’irisent comme nos verres factices, ce qui les rend chatoyants[2].

M. de Troïl dit que, indépendamment du verre noir (fausse agate d’Islande), on trouve aussi en Islande des verres blancs et transparents, et d’autres d’un assez beau bleu qui sont les plus rares de tous. Il ajoute qu’il y en a qui ressemblent, par leur couleur verdâtre et par leur pâte grossière, à notre verre à bouteilles[3].

Ces laitiers de volcans, et surtout le laitier noir, sont compacts, homogènes et assez durs pour donner des étincelles avec l’acier : on peut les tailler et leur donner un beau poli, et l’on en fait d’excellentes pierres de touche en les dégrossissant sans leur donner le dernier poli[4].

Lorsque les laves et les basaltes sont réduits en débris et remaniés par le feu du volcan, ils forment avec les nouvelles laves des blocs qu’on peut appeler poudingues volcaniques ; il y en a de plus ou moins durs, et si les fragments qui composent ces poudingues sont de forme irrégulière, on peut les appeler des brèches volcaniques. M. Faujas a observé que l’église cathédrale du Puy en Velay a été construite d’une pierre dont le fond est une brèche volcanique noire dans un ciment jaunâtre[5].

Les unes de ces brèches volcaniques ont été formées par la seule action du feu sur les

  1. Minéralogie des volcans, par M. Faujas de Saint-Fond ; Paris, in-8o, ch. xiii et xiv.
  2. Minéralogie des volcans, par M. Faujas de Saint-Fond ; Paris, in-8o, ch. xvi.
  3. Lettres sur l’Islande, p. 337.
  4. Cette matière a été indiquée par Pline, sous le nom de lapis lydius.
  5. Minéralogie des volcans, ch. xvi.