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en poudre, se trouve interposé et comme incorporé dans différentes terres et pierres calcaires ou vitreuses. Ces concrétions se présentent souvent en masses très considérables et plus ou moins pesantes dans le rapport de la quantité de l’argent en poudre qu’elles contiennent, et quelquefois cette quantité fait plus de moitié de leur masse ; elles sont formées par l’intermède de l’eau qui a charrié et déposé ces particules d’argent avec des terres calcaires ou vitreuses qui, s’étant ensuite resserrées, consolidées et durcies par le desséchement, ont formé ces concrétions aussi riches que faciles à réduire en métal.

Et au sujet de la réduction de l’argent minéralisé en métal pur, nous croyons devoir ajouter à ce que nous en avons dit[1] l’extrait d’une lettre de M. Polony, médecin du roi au cap Français, qui, pendant un assez long séjour au Mexique, a suivi les opérations de ce travail. Ce savant observateur y rend compte des procédés actuellement en usage au Mexique : « On réduit, dit-il, en poudre impalpable le minerai d’argent dont on forme une pâte liquide en l’humectant successivement jusqu’à ce que toute la masse soit de la même consistance ; on y ajoute alors une certaine composition appelée magistral, et on repasse toute la pâte au moulin afin d’y incorporer uniformément ce magistral qui doit opérer la déminéralisation ; on fait ensuite avec cette pâte différentes pyramides d’environ dix-huit à vingt quintaux chacune ; on les laisse fermenter trois jours sans y toucher ; au bout de ce temps, un homme enfonce la main dans la pâte et juge par le degré de chaleur si la déminéralisation s’est opérée ; s’il juge le contraire, on étend la pâte, on l’humecte de nouveau, on y ajoute du magistral et on la réduit encore en pyramides qu’on laisse de nouveau fermenter pendant trois jours ; après cela, on étend la pâte sur des glacis à rebords ; on y jette une pluie de mercure qu’on y incorpore intimement en pétrissant la pâte, on la remet en tas, et trois ou quatre jours après, à l’aide de différentes lotions, on ramasse le mercure qui se trouve chargé de tout l’argent qui s’est déminéralisé pendant l’opération[2]. »

M. Polony se propose de publier la composition de ce magistral, qui n’est pas encore bien connue. Cependant je soupçonne que ce composé n’est que du sel marin auquel on ajoute quelquefois de la chaux ou de la terre calcaire, comme nous l’avons dit à l’article de l’Argent et, dans ce cas, le procédé décrit par M. Polony, et qui est actuellement en usage au Mexique, ne diffère de celui qu’on emploie depuis longtemps au Pérou que pour le temps où l’on fait tomber le mercure sur le minerai d’argent.


CONCRÉTIONS DU CUIVRE

Le cuivre de première formation, fondu par le feu primitif, et le cuivre de dernière formation, cémenté sur le fer par l’intermède de l’eau, se présentent également dans leur état métallique ; mais la plupart des mines de cuivre sont d’une formation intermédiaire entre la première et la dernière ; ce cuivre de seconde formation est un minerai pyriteux, ou plutôt une vraie pyrite dans laquelle ce métal est intimement uni aux principes du soufre et à une plus ou moins grande quantité de fer ; cette mine de cuivre en pyrite jaune est, comme nous l’avons dit[3], très difficile à réduire en métal, et néanmoins c’est sous cette forme que le cuivre se présente le plus communément : ces pyrites ou minerais cui-

  1. Voyez, dans le troisième volume, l’article Argent.
  2. Extrait d’une lettre de M. Polony à M. de Buffon, datée du cap Saint-Domingue, le 20 octobre 1785.
  3. Voyez l’article Cuivre.