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qu’apparente ; mais elle a été produite par le magnétisme général, ou par l’attraction particulière de quelques autres terres plus ou moins éloignées et dont l’action aura cessé d’être troublée dans le voisinage de certaines côtes dépourvues de mines de fer ou d’aimant. Lors donc qu’à l’approche des terres l’aiguille aimantée éprouve constamment des changements très marqués dans sa déclinaison, on peut en conclure l’existence ou le défaut de mines de fer ou d’aimant dans ces mêmes terres, suivant qu’elles attirent ou repoussent l’aiguille aimantée.

En général, les bandes sans déclinaison se trouvent toujours plus près des côtes occidentales : celle qui a été observée dans la mer Atlantique est, dans tous ses points, beaucoup plus voisine des côtes orientales de l’Amérique que des côtes occidentales de l’Afrique et de l’Europe ; et celle qui traverse la mer de l’Inde et la grande mer Pacifique est placée à une assez petite distance à l’est des côtes de l’Asie.

La bande sans déclinaison de la mer des Indes, et qui se prolonge dans la mer Pacifique boréale, paraît s’étendre depuis environ le 59e degré de latitude sud jusqu’au 40e degré de latitude nord.

Il est important d’observer que, sous la latitude boréale de 19 degrés, ainsi que sous la latitude australe de 53 degrés, la bande sans déclinaison de la mer Atlantique et celle de la mer des Indes sont éloignées l’une de l’autre d’environ 157 degrés, c’est-à-dire de près de la moitié de la circonférence du globe. Il est également remarquable qu’à partir de quelques degrés de l’équateur, on n’a observé, dans la mer Pacifique boréale, aucune déclinaison vers l’ouest qu’on ne puisse rapporter aux variations instantanées et irrégulières de l’aiguille : ceci, joint à toutes les déclinaisons, tant de la mer Atlantique que de la mer des Indes, confirme l’existence d’un pôle magnétique très puissant dans le nord des terres de l’Amérique ; et ce qui confirme encore cette vérité, c’est que la plus grande déclinaison orientale, dans la mer Pacifique boréale, a été observée par le capitaine Cook, de 36 degrés 19 minutes, aux environs de 70 degrés de latitude nord, et du 195e de longitude, c’est-à-dire à 2 degrés, ou à peu près, au nord des terres de l’Amérique les plus voisines de l’Asie. D’un autre côté, M. le chevalier de l’Angle a trouvé une déclinaison vers l’ouest de 45 degrés, dans un point de la mer Atlantique situé très près des côtes orientales et boréales de l’Amérique. C’est donc dans ces terres septentrionales du nouveau continent que toutes les directions des déclinaisons se réunissent et coïncident au pôle magnétique, dont l’existence nous paraît démontrée par tous les phénomènes.

La déclinaison n’éprouve que de petites vicissitudes dans les basses latitudes, surtout dans la grande mer de l’Inde, où l’on n’observe jamais qu’un petit nombre de degrés de déclinaison dans le voisinage de l’équateur, tandis que, dans les plus hautes latitudes de l’hémisphère austral, il paraît que la déclinaison de l’aiguille varie beaucoup de l’est à l’ouest, ou de l’ouest à l’est dans un très petit espace.

La ligne sans déclinaison, qui passe entre Malaca, Bornéo, le détroit de la Sonde, se replie vers l’est, et son inflexion semble être produite par les terres de la Nouvelle-Hollande.

Il y a, dans la mer Pacifique, une troisième bande sans déclinaison, qui paraît s’étendre depuis le 7e degré de latitude nord jusqu’au 55e de latitude sud. Cette bande traverse l’équateur vers le 232e degré de longitude ; mais, à 24 degrés de latitude australe, elle paraît fléchir vers les côtes occidentales de l’Amérique méridionale, ce qui paraît être l’effet des masses ferrugineuses que l’on doit trouver dans ces contrées, si souvent brûlées par les feux des volcans et agitées par les coups de la foudre souterraine.

La déclinaison la plus considérable qui ait été trouvée dans l’hémisphère austral est celle de 43 degrés 6 minutes, observée par Cook en février 1773, sous le 60e degré de latitude et le 92e degré 35 minutes de longitude, loin de toute terre connue ; et la plus forte déclinaison qu’on ait trouvée dans l’hémisphère boréal, et, en même temps, la plus grande