Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous avons cru devoir y placer aussi quelques détails relatifs aux divers succès que M. l’abbé le Noble a obtenus depuis la publication du rapport de MM. de la Société royale, et qu’il nous a communiqués lui-même.

    plus particulièrement spasmodiques et convulsives, quel que fût aussi leur siège et leur caractère, de quelque manière enfin que nous eussions employé l’aimant, soit en armure habituelle et constante, soit par la méthode des simples applications, toutes ces affections ont subi des changements plus ou moins marqués, quoique presque toujours le soulagement n’ait guère été qu’une simple palliation de la maladie. Ces affections nous ont paru céder et s’affaiblir d’une manière plus ou moins marquée pendant le traitement. Plusieurs malades, que le soulagement dont ils jouissaient depuis quelque temps avait engagés à quitter leurs garnitures, ayant vu se renouveler ensuite leurs accidents, qu’une nouvelle application de l’aimant a toujours suffi pour faire disparaître, nous sommes restés convaincus que c’était à l’usage des aimants qu’on devait attribuer le soulagement obtenu… Nous nous sommes scrupuleusement abstenus d’employer aucun autre remède pendant le traitement. De tous les secours qu’on peut désirer de voir joindre à l’usage de l’aimant, c’est de l’électricité surtout qu’il semble qu’on ait lieu de plus attendre… Le magnétisme intéresse le bien public ; il nous paraît devoir mériter toute l’attention de la Société. Qu’on nous permette, à ce sujet, une réflexion. De tous les objets sur lesquels l’enthousiasme peut s’exciter, et dont le charlatanisme peut, par cette raison, abuser avec plus de confiance, le magnétisme paraît être celui qui offre à l’avidité plus de facilité et plus de ressource. L’histoire seule de cet art suffirait pour en convaincre, quand des essais qui le multiplient sous nos yeux n’autoriseraient pas cette présomption. C’est surtout sur de pareils objets, devenus pour le public un sujet de curiosité, qu’il est à désirer que les compagnies savantes portent toute leur attention pour arracher à l’erreur une confiance qu’elle ne manquerait pas de gagner, si l’on ne dissipait aux yeux des gens crédules les prestiges du charlatanisme par des essais faits avec exactitude et impartialité. De pareils projets, pour être remplis d’une manière utile, ont besoin de l’appui du gouvernement ; mais où les secours peuvent-ils mieux être appliqués qu’aux objets qui touchent aux progrès des sciences et au bien de l’humanité ?

    » En désirant que le gouvernement autorise la Société à annoncer, sous ses auspices, un traitement gratuit et public pour le magnétisme, nous croyons encore utile que la Compagnie invite ceux de ses associés et correspondants, à qui ces sortes d’essais peuvent être agréables, à concourir avec elle au succès de ses recherches. La Société sait, par l’exemple de l’électricité, combien elle peut retirer d’avantages de cette réunion de travaux. Le magnétisme offre encore plus de facilités pour répéter ou multiplier les essais que l’on jugerait nécessaires. Mais, pour rendre ce concours de recherches plus fructueux, on sent qu’il est nécessaire qu’il soit dirigé sur un plan uniforme. Le rapport que nous soumettons ici à l’examen de la Compagnie remplirait cette vue, et nous lui proposons de le faire imprimer et distribuer par la voie de sa correspondance ordinaire.

    » La Société, pour se livrer elle-même à ses travaux, devant s’attacher un physicien exercé dans la préparation des aimants et versé dans tous les genres de connaissances relatives à leur administration, nous pensons que le choix de la Compagnie doit tomber sur M. l’abbé le Noble. Plusieurs raisons nous paraissent devoir lui mériter la préférence. On doit le regarder comme un des premiers physiciens qui, depuis le renouvellement des expériences de l’aimant, se soient occupés de cet objet. En 1763, c’est-à-dire deux ans à peu près avant M. Klarich, que l’on regarde comme le principal rénovateur de ces essais, et dont les observations ont fait attribuer à l’Angleterre la gloire de cette découverte, les aimants de M. l’abbé le Noble pour les dents paraissent avoir été connus dans la capitale et recherchés des physiciens. Au mois de juin 1766, dans le même temps que M. d’Arquier, qu’on regarde comme le premier qui ait répété en France les essais de M. Klarich dans les maux de dents, M. l’abbé le Noble publia, en ce genre, plusieurs observations. Deux ans avant que le père Hell, à Vienne, fît adopter généralement la méthode des armures magnétiques, il avait annoncé plusieurs espèces de plaques aimantées, préparées pour être portées habituellement sur différentes parties du corps. Depuis