de l’autre, mais dans lesquels les turquoises ne sont pas de la même qualité. On a nommé turquoise de vieille roche les premières qui sont d’une belle couleur bleue et plus dures que celles de la nouvelle roche, dont le bleu est pâle ou verdâtre. Il s’en trouve de même dans quelques autres contrées de l’Asie, où elles sont connues depuis plusieurs siècles[1], et l’on doit croire que l’Asie n’est pas la seule partie du monde où peuvent se rencontrer ces pierres dans un état plus ou moins parfait : quelques voyageurs ont parlé des turquoises de la Nouvelle-Espagne[2], et nos observateurs en ont reconnu dans les mines de Hongrie[3] ; Boëce de Bott dit aussi qu’il y en a en Bohème et en Silésie. J’ai cru devoir citer tous ces lieux où les turquoises se trouvent colorées par la nature, afin de les distinguer de celles qui ne prennent de la couleur que par l’action du feu ; celles-ci sont beaucoup plus communes et se trouvent même en France, mais elles n’ont ni n’acquièrent jamais la belle couleur des premières ; le bleu qu’elles prennent au feu devient vert ou verdâtre avec le temps : ce sont, pour ainsi dire, des pierres artificielles, au lieu que les turquoises naturelles et qui ont reçu leurs couleurs dans le sein de la terre les conservent à jamais, ou du moins très longtemps, et méritent d’être mises au rang des belles pierres opaques.
Leur origine est bien connue : ce sont les os, les défenses, les dents des animaux terrestres et marins qui se convertissent en turquoises lorsqu’ils se trouvent à portée de recevoir, avec le suc pétrifiant, la teinture métallique qui leur donne la couleur ; et comme le fond de la substance des os est une matière calcaire, on doit les mettre, comme les perles, au nombre des produits de cette même matière.
Le premier auteur qui ait donné quelques indices sur l’origine des turquoises est Guy
- ↑ À l’est de la province de Tebeth est la province de Kaindu, qui porte le nom de sa capitale, où il y a une montagne abondante en turquoises, mais la loi défend d’y toucher sous peine de mort, sans la permission du grand kan. Histoire générale des Voyages, t. VIII, p. 331. — Dans la province de Canilu encore, on trouve, ès-montagnes de cette contrée, des pierres précieuses appelées turquoises qui sont fort belles, mais on n’en ose transporter hors du pays sans le congé et la permission du grand kan. Descript. géograph. de l’Inde orientale, par Marc Paul ; Paris, 1556, p. 70, liv. ii, chap. xxxii.
- ↑ Les habitants de la province de Cibola, dans la Nouvelle-Espagne, ont beaucoup de turquoises. Histoire générale des Voyages, t. XII, p. 650.
- ↑ Dans les mines de cuivre de Herrn-Ground en Hongrie, on trouve de très belles pierres bleues, vertes, et une entre autres sur laquelle on a vu des turquoises, ce qui l’a fait appeler mine de turquoises. Collect. académ., part. étrang., t. II, p. 260.
appliquer dans des chatons de différentes figures. Histoire générale des Voyages, t. II, p. 682. — On tire des turquoises d’un grand prix de la montagne de Pyruskou, à quatre journées du chemin de Meched ; on les distingue en celles de la vieille et de la nouvelle roche. Les premières sont pour la maison royale, comme étant d’une couleur plus vive et qui se passe moins. Voyage autour du monde, par Gemelli Gareri ; Paris, 1719, t. II, p. 212. — La plus riche mine, en Perse, est celle des turquoises ; on en a en deux endroits : à Nichapour en Corasan, et dans une montagne qui est entre l’Hyrcanie et la mer Caspienne… Nous appelons ces pierres turquoises, à cause que le pays d’où elles viennent est la Turquie ancienne et véritable. On a depuis découvert une autre mine de ces sortes de pierres, mais qui ne sont pas si belles ni si vives ; on les appelle turquoises nouvelles, qui est ce que nous disons de la nouvelle roche, pour les distinguer des autres qu’on appelle turquoises vieilles ; la couleur de celles-là se passe avec le temps. On garde tout ce qui vient de la vieille roche pour le roi, qui les revend après en avoir tiré le plus beau. Voyage de Chardin en Perse ; 1711, Amsterdam, t. II, p. 24. — J’ai acheté, dit un autre voyageur, à Casbin, ville de la province d’Erak en Perse, des turquoises qu’ils appellent firuses, et se trouvent en grande quantité auprès de Nisabur et Firusku, de la grosseur d’un pois, et quelques-unes de la grosseur d’une fèverole pour vingt ou trente sous au plus. Voyage d’Adam Oléarius, etc. ; Paris, 1656, t. Ier, p. 461.