mine de charbon qui brûle depuis plus de cinq cents ans, auprès de laquelle on avait établi une manufacture pour tirer de l’alun des récréments de cette mine brûlée ; et enfin une autre auprès de Saint-Chaumont, qui brûle très lentement et profondément.
En Languedoc il y a aussi beaucoup de charbon de terre. M. l’abbé de Sauvages, très bon observateur, assure qu’il en existe différentes mines dans la chaîne de collines qui s’étend depuis Anduse jusqu’à Villefort, ce qui fait une étendue d’environ dix lieues de longueur[1].
Dans le Lyonnais, les principaux endroits où l’on trouve du charbon de terre sont le territoire de Gravenand, celui du Mouillon, ceux de Saint-Genis-Terre-Neuve, qui tous trois sont dans la même montagne, située à un demi-quart de lieue de la ville de Rive-de-Gier, et les eaux de leurs galeries s’écoulent dans le Gier. Les terrains de Saint-Martin-la-Plaine, Saint-Paul-en-Jarrest, Rive-de-Gier et Saint-Chaumont contiennent aussi des mines de charbon. M. de la Tourette, secrétaire de l’Académie des sciences de Lyon, et correspondant de celle de Paris, a donné une description détaillée des matières qui se trouvent au-dessus d’une de ces mines du Lyonnais, par laquelle il paraît que le bon charbon ne se trouve qu’à cent pieds dans certains endroits, et à cent cinquante environ dans d’autres : il y a deux veines l’une au-dessus de l’autre, dont la plus extérieure a depuis huit jusqu’à dix-huit pieds d’épaisseur d’un charbon propre aux maréchaux. La seconde veine n’est séparée de la première que par un lit de grès dur et d’un grain fin, de six à neuf pouces d’épaisseur : ce grès sert de toit à la seconde veine qui a dix à quinze pieds d’épaisseur, et dont le charbon est plus compact que celui de la première veine, mais encore plus pyriteux.
Il y a du charbon de terre en Dauphiné près de Briançon, et entre Sézanne et Sertriches, dans le même endroit où l’on tire la craie de Briançon, et à Ternay, élection de Vienne. Les charbons de Voreppe, de Saint-Laurent, de la montagne de Soyers, ainsi que ceux du village de la Motte et du Val-des-Charbonniers, qui tous se tirent pour l’usage des maréchaux, ne sont pas de bien bonne qualité. On en trouve en Provence, près d’Au-
- ↑ Les principales et celles qui en fournissent à presque tout le Languedoc sont, dit-il, aux environs d’Alais et du Château-des-Portes : elles affectent toujours les endroits dont le terrain ou les rochers sont une espèce de grès d’un grain quartzeux, grisâtre, irrégulier dans sa forme et sa grosseur… Les mines des environs d’Alais sont ordinairement par veines, resserrées au fond d’un rocher… Le charbon y paraît entassé sans aucune distinction de lits ; lorsque les veines aboutissent à la superficie, le charbon est altéré dans sa consistance, jusqu’à une toise de profondeur ; on ne tire d’abord que de la terre noirâtre : à mesure que l’on creuse, le grain devient plus ferme, d’un noir plus foncé et plus luisant. C’est le charbon dont on se sert pour les fours à chaux.
Ces mines sont toujours accompagnées de deux espèces de schistes, connus parmi les mineurs du pays sous le nom de fisse… La première espèce de fisse, qu’on appelle les gardes du charbon, parce qu’elle lui est immédiatement appliquée, et qu’elle l’accompagne partout, est une pierre bitumineuse, mince, tendre et noire ; elle ne diffère de l’ampelitis ordinaire que parce qu’elle est pliée ou ondée, et qu’elle a souvent le poli et le luisant du jayet travaillé.
Au-dessous de cette première fisse, on en trouve une autre dont les couches sont plus nombreuses et plus aplaties : c’est une ardoise feuilletée, tantôt noire, tantôt rousse, et toujours fort grossière ; elle se distingue principalement de la première par des empreintes végétales.
Quoique nos mines de charbon soient à l’abri des eaux pluviales, elles ne laissent pas quelquefois d’être humectées par des sources bitumineuses, aussi anciennes peut-être que les mines, et qui sont plus fréquentes à mesure que les mines sont plus profondes : les ouvriers en sont souvent incommodés ; mais ils assurent qu’en revanche il n’y a pas de meilleur charbon que celui qui est voisin de ces sources. Observations lithologiques, etc., dans les Mémoires de l’Académie des sciences, année 1747, p. 700.