me paraît donc très évidemment démontrée par les effets, quand même on regarderait, avec Stahl, l’acide vitriolique comme l’acide primitif et le premier principe salin ; car l’air s’en dégage en même temps que le feu par l’intermède de l’eau comme dans la pyrite ; et cette action de l’humidité produit non seulement de la chaleur, mais une espèce de flamme intérieure et de feu réellement actif, qui brûle en corrodant toutes les substances auxquelles l’acide peut s’unir, et ce n’est que par le moyen de l’air que le feu contracte cette union avec l’eau.
L’acide aérien altère aussi tous les sucs extraits des végétaux ; il produit le vinaigre et le tartre ; il forme dans les animaux l’acide auquel on a donné le nom d’acide phosphorique : ces acides des végétaux et des animaux, ainsi que tous ceux qu’on pourrait regarder comme intermédiaires, tels que l’acide des citrons, des grenades, de l’oseille, et ceux des fourmis, de la moutarde, etc., tirent également leur origine de l’acide aérien modifié dans chacune de ces substances par la fermentation, ou par le mélange d’une plus ou moins grande quantité d’huile ; et même les substances dont la saveur est douce, telles que le sucre, le miel, le lait, etc., ne diffèrent de celles qui sont aigres et piquantes, comme les citrons, le vinaigre, etc., que par la quantité et la qualité du mucilage et de l’huile qui enveloppe l’acide ; car leur principe salin est le même, et toutes leurs saveurs, quoique si différentes, doivent se rapporter à l’acide primitif, et a son union avec l’eau, l’huile et la terre mucilagineuse des substances animales et végétales.
On adoucit tous les acides et même l’acide vitriolique, en les mêlant aux substances huileuses, et particulièrement à l’esprit-de-vin ; et c’est dans cet état huileux, mucilagineux et doux, que l’acide aérien se trouve dans plusieurs substances végétales, et dans les fruits dont l’acidité ou la saveur plus douce ne dépend que de la quantité d’eau, d’huile et de terre atténuée et mucilagineuse dans lesquelles cet acide se trouve combiné ; l’acide animal appartient aux végétaux comme aux animaux, car on le tire de la moutarde et de plusieurs autres plantes, aussi bien que des insectes et autres animaux ; on doit donc en inférer que les acides animaux et les acides végétaux sont les mêmes, et qu’ils ne diffèrent que par la quantité ou la qualité des matières avec lesquelles ils sont mêlés ; et, en les examinant en particulier, on verra bien que le vinaigre, par exemple, et le tartre étant tous deux des produits du vin, leurs acides ne peuvent différer essentiellement ; la fermentation a seulement plus développé celui du vinaigre, et l’a même rendu volatil et presque spiritueux : ainsi tous les acides des animaux ou des végétaux, et même les acerbes, qui ne sont que des acides mêlés d’une huile amère, tirent leur première origine de l’acide aérien.
Les acides minéraux sont beaucoup plus forts que les acides animaux et végétaux. « Ces derniers acides, dit M. Macquer, retiennent toujours de l’huile, au lieu que les acides minéraux n’en contiennent point du tout[1]. » Il me semble que cette dernière assertion doit être interprétée ; car il faut reconnaître que, si les acides minéraux dans leur état de pureté ne contiennent aucune huile, ils peuvent en passant à l’état de sel, par leur union avec diverses terres, se charger en même temps de parties huileuses ; et en effet, la matière grasse des sels, dans les eaux mères, paraît être une substance huileuse, puisqu’elle se réduit à l’état charbonneux par la combustion[2] : les sels minéraux contiennent donc une huile qui paraît leur être essentielle, et celle qui se trouve de plus dans les acides tirés des animaux et des végétaux ne leur est qu’accessoire ; c’est probablement par l’affinité de cette matière grasse avec les huiles végétales et les graisses animales que l’acide minéral peut se combiner dans les végétaux et dans les animaux.
Les acides et les alcalis sont des principes salins, mais ne sont pas des sels : on ne les