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saient et entassaient ces fragments massifs, elles transportaient au loin, dispersaient et déposaient partout les parties les plus ténues, et la poussière flottante de ces débris graniteux ou quartzeux ; dès lors ces poudres vitreuses ont été mêlées avec les poudres calcaires, et c’est de là que proviennent originairement les sucs quartzeux ou silicés qui transsudent dans les craies et autres couches calcaires formées par le dépôt des eaux.

Et comme le transport de ces débris du granit, du grès et des poudres d’argile, s’est longtemps fait dans le fond des mers, conjointement avec celui des détriments des craies, des marbres et des autres substances calcaires, les unes et tes autres ont quelquefois été entraînées, réunies et consolidées ensemble : c’est de leur mélange que se sont formées les brèches et autres pierres mi-parties de calcaire et de vitreux ou argileux, tandis que les fragments de quartz et de granit, unis de même par le ciment des eaux, ont formé les poudingues purement vitreux, et que les fragments des marbres et autres pierres de même nature ont formé les brèches purement calcaires.





DU GRÈS

Le grès lorsqu’il est pur est d’une grande dureté, quoiqu’il ne soit composé que des débris du quartz réduits en petits grains qui se sont agglutinés par l’intermède de l’eau ; ce grès, comme le quartz, étincelle sous le choc de l’acier ; il est également réfractaire à l’action du feu le plus violent ; les détriments du quartz ne formaient d’abord que des sables qui ont pris corps en se réunissant par leur affinité, et ont ensuite formé les masses solides des grès, dans lesquels on ne voit en effet que ces petits grains quartzeux plus ou

    sable ; il y a des fentes perpendiculaires qui séparent ces roches ainsi que le quartz. Histoire naturelle d’Espagne, par M. Bowles, p. 179, 180 {lié|expl=pages}}.

    La grande quantité de cailloux de granit, dont le terrain sablonneux de la Pologne est rempli, est, après le sable, ce qu’il y a de plus frappant… ils dominent dans la plupart des terrains qui ont des cailloux, c’est le quartz dans d’autres… Les villes et villages de Pologne, situés dans les endroits où la surface du terrain n’en est point parsemé, ont quelquefois un pavé de ces cailloux ; tous ceux de la Prusse ducale en sont pavés…

    La couleur de ces cailloux varie beaucoup : les uns sont gris-blancs et rouges ou couleur de cerise, parsemés de points noirâtres et de verdâtres ; d’autres sont gris terreux ou lie de vin avec des points gris ; le fond de la couleur est dans d’autres vert avec des points blancs ; la plupart sont très durs, les grains en sont fins et bien liés, souvent même leur liaison est telle qu’on ne peut les distinguer les uns des autres ; ceux-ci approchent beaucoup des porphyres, s’ils n’en sont pas réellement : beaucoup ont des grains plus gros, mélangés avec des lames quartzeuses de plusieurs lignes de large, d’un blanc plus ou moins vif, teint de rouge ou de couleur de cerise ; quelques-uns sont intérieurement colorés de gris de fer luisant, ce qui paraît réellement être une matière ferrugineuse, quelques-uns enfin sont veinés de couleur de cerise, de noirâtre et de gris…

    Il n’est pas rare de trouver parmi ces cailloux graniteux, d’autres cailloux qui sont de quartz, d’agate ou de jaspe ; ceux de quartz sont communément blancs… On en voit de gris, de rouges et de quelques autres couleurs : les agates sont assez ordinairement blanches… cependant j’en ai vu de brunes et de blanches, de rougeâtres, de jaunâtres, de roussâtres et de blanc sale, de grises avec des taches de gris de lin pâle, et de plusieurs autres nuances et variétés. Les jaspes ne sont pas moins diversifiés : il y en a qui sont d’un très beau rouge, d’autres sont verts, verdâtres, fleuris ou marbrés. Guettard, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1762, p. 241 et suiv.