Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome II, partie 3.pdf/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

6o  Le jaspe et le feldspath, et 7o  le jaspe et le schorl : ces deux mélanges forment également des porphyres.

8o  Le mica et le feldspath : il en est de ce mélange, à peu près comme du cinquième, c’est-à-dire de celui du jaspe et du mica ; on trouve en effet du feldspath couvert et chargé de mica, mais qui n’est point incorporé dans sa substance.

9o  Le mica et le schorl : cette combinaison ne m’est pas mieux connue, et peut-être n’existe pas plus dans la nature que la précédente et la cinquième.

10o  Le feldspath et le schorl : ce mélange est celui qui a formé la matière des ophites, dont il y a plusieurs variétés ; mais toutes composées de feldspath plus ou moins mêlé de schorl de différentes couleurs.

Des dix combinaisons de ces mêmes cinq verres primitifs, pris trois à trois, et qui dans la spéculation paraissent être également possibles, nous n’en connaissons néanmoins que trois, dont deux forment les granits, et la troisième un porphyre différent des deux premiers : car, 1o  le quartz, le feldspath et le mica composent la substance de plusieurs granits ; 2o  d’autres granits au lieu de mica sont mêlés de schorl ; et 3o  il y a du porphyre composé de jaspe, de feldspath et de schorl.

Enfin des quatre combinaisons des cinq verres primitifs pris quatre à quatre, nous n’en connaissons qu’une qui est encore un granit, dans la composition duquel le quartz, le mica, le feldspath et le schorl se trouvent réunis. Je doute qu’il y ait aucune matière de première formation qui contienne ces cinq matières ensemble ; tant il est vrai que la nature ne s’est jamais soumise à nos abstractions ! car de ces vingt-cinq combinaisons, toutes également possibles en spéculation, nous n’en pouvons compter en réalité que onze, et peut-être même dans ce nombre y en a-t-il quelques-unes qui n’ont pas été produites comme les autres par le feu primitif, et qui n’ont été formées que des détriments des premières réunis par l’intermède de l’eau.

Quoi qu’il en soit, le porphyre est la plus précieuse de ces matières composées ; c’est, après le jaspe, la plus belle des substances vitreuses en grandes masses ; il est, comme nous venons de le dire, formé de jaspe[NdÉ 1], de feldspath et de petites parties de schorl incorporées ensemble. On ne peut le confondre avec les jaspes, puisque ceux-ci sont d’une substance simple et ne contiennent ni feldspath, ni schorl ; on ne doit pas non plus mettre le porphyre au nombre des granits, parce qu’aucun granit ne contient du jaspe, et qu’ils sont composés de trois et même de quatre autres substances qui sont le quartz, le feldspath, le schorl et le mica ; de ces trois ou quatre substances, il n’y a que le feldspath et le schorl qui soient communs aux deux ; le porphyre a donc sa nature propre et particulière, et il paraît être plus éloigné du granit que du jaspe ; car le quartz, qui entre toujours dans la composition des granits ne se trouve point dans les porphyres qui tous ne contiennent que du jaspe, du feldspath et du schorl.

Le nom de porphyre semblerait désigner exclusivement une matière d’un rouge de pourpre, et c’est en effet la couleur du plus beau porphyre ; mais cette dénomination s’est étendue à tous les porphyres de quelque couleur qu’ils soient, car il en est des porphyres comme des jaspes : il y en a de plus ou moins colorés de rouge, de brun, de vert et de différentes nuances de quelques autres couleurs. Le porphyre rouge est semé de très petites taches plus ou moins blanches et quelquefois rougeâtres ; ces taches présentent les parties du feldspath et du schorl, qui sont disséminées et incorporées dans la pâte du jaspe, et le caractère essentiel de tous les porphyres et par lequel ils sont toujours reconnaissables, c’est ce mélange du feldspath ou du schorl, ou de tous deux ensemble, avec la matière du

  1. Le porphyre ne contient pas de jaspe ; il est formé principalement de quartz, de feldspath et de mica [Note de Wikisource : les porphyres les plus communs — rouges et verts — ne comportent que des cristaux de feldspath, notés dans une pâte siliceuse colorée apparemment amorphe]. Buffon réunit, du reste, sous le nom de porphyre, plusieurs substances distinctes.