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C’est du schorl qui se trouve incorporé dans les porphyres et les granits dont il est ici question, et certainement ce schorl n’est ni basalte, ni trapp, ni caillou, ni grenat, et il faut même le distinguer des tourmalines, des pierres de croix et des autres schorls de seconde formation, qui ne doivent leur origine qu’à la stillation des eaux : ces schorls secondaires sont différents du schorl primitif, et nous en traiterons ainsi que de la pierre de corne et du trapp dans des articles particuliers ; mais le vrai, le premier schorl, est, comme le feldspath, un verre primitif qui fait partie constituante des plus anciennes matières vitreuses, et qui quelquefois se trouve dans les produits de leur décomposition, comme dans le cristal de roche, les chrysolithes, les grenats, etc.

Au reste, les rapports du feldspath et du schorl sont même si prochains, si nombreux, qu’on pourrait en rigueur ne regarder le schorl que comme un feldspath un peu moins pur et plus mélangé de matières étrangères, d’autant plus que tous deux sont entrés en même temps dans la composition des matières vitreuses dont nous allons parler.




DES ROCHES VITREUSES

DE DEUX ET TROIS SUBSTANCES, ET EN PARTICULIER DU PORPHYRE.

Après avoir parlé du quartz, du jaspe, du mica, du feldspath et du schorl, qui sont les cinq substances les plus simples que la nature ait produites par le moyen du feu, nous allons suivre les combinaisons qu’elle en a faites, en les mêlant deux, trois ou quatre, et même toutes cinq ensemble, pour composer d’autres matières par le même moyen du feu dans les premiers temps de la consolidation du globe : ces cinq verres primitifs, en se combinant seulement deux à deux, ont pu former dix matières différentes, et de ces dix combinaisons il n’y en a que trois qui n’existent pas ou du moins qui ne soient pas connues.

Les dix combinaisons de ces cinq verres primitifs pris deux à deux sont :

1o  Le quartz et le jaspe : cette matière se trouve dans les fentes perpendiculaires et dans les autres endroits où le jaspe est contigu au quartz ; ils sont même quelquefois comme fondus ensemble dans leur jonction, et quelquefois aussi le quartz forme des veines dans le jaspe. J’ai vu une plaque de jaspe noir traversée d’une veine de quartz blanc.

2o  Le quartz et le mica : cette matière est fort commune, et se trouve par grandes masses et même par montagnes ; on pourrait l’appeler quartz micacé[1].

  1. « La pierre, dit M. Ferber, que les Allemands appellent schiste corné ou schiste de corne est formée de quartz et de mica, et ce schiste de corne n’est pas la même que la pierre de corne ; celle-ci est une espèce de silex ou pierre à fusil. »

    Nous ne pouvons nous dispenser d’observer que cet habile minéralogiste est ici tombé dans une double méprise : d’abord il n’y a aucun schiste qui soit formé de quartz et de mica, et il n’eût point dû appliquer à ce composé de quartz et de mica le nom de schiste de corne, puisqu’il dit que ce schiste de corne n’a rien de commun avec la pierre de corne qui, selon lui, est un silex, ce qui est une seconde méprise, car la pierre de corne n’est point un silex, mais une pierre composée de schiste et de matière calcaire ; tout quartz mêlé de mica doit être appelé quartz micacé tant que le mica n’a pas changé de nature, et, lorsque par sa décomposition il s’est converti en argile ou en schiste, il faut nommer quartz schisteux ou schiste quartzeux la pierre composée des deux.

    « Il y a dans le Piémont, continue M. Ferber, des montagnes calcaires et des montagnes quartzeuses ; celles-ci ont des raies plus ou moins fortes de mica, et c’est de cette espèce