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bancs ne portent pas sur l’argile, mais sur un banc de pierres calcaires mêlées de coquilles ; il a aussi parlé de quelques-unes des carrières à plâtre du Dauphiné[1] ; et, en dernier lieu, M. Pralon a trèsbien décrit celle de Montmartre, près Paris[2].

En Espagne, aux environs de Molina, il y a plusieurs carrières de plâtre[3], on en voit une colline entière à Dovenno, près de Liria, et l’on y voit des bancs de plâtre blanc, gris et rouge[4]. On trouve aussi du plâtre rouge au sommet d’une montagne calcaire à Albaracin, qui paraît être l’un des lieux les plus élevés de l’Espagne[5], et il y en a de même près d’Alicante, qui est un des lieux les plus bas, puisque cette ville est située sur les bords de la mer ; elle est voisine d’une colline dont les bancs inférieurs sont de plâtre de différentes couleurs[6].

En Italie, le comte Marsigli a donné la description de la carrière à plâtre de Saint-Raphaël, aux environs de Bologne, où l’on a fouillé à plus de deux cents pieds de profondeur[7]. On trouve aussi du bon plâtre dans plusieurs provinces de l’Allemagne, et il y en a de très blanc dans le duché de Wurtemberg.

    lit de 1 pied de moellon de pierre calcaire jaunâtre, bleuâtre ou mêlée de deux couleurs et coquillière. On y voit des empreintes de cames, des peignes ou des noyaux de ces coquilles, et de jolies dendrites noires : ce dernier banc est plus considérable que je ne viens de le dire, ou bien il est suivi d’autres bancs de différentes épaisseurs ; on ne les perce que lorsqu’on fait des canaux pour l’écoulement des eaux des pluies…

    » Les uns ou les autres des lits ou des bancs de cette carrière, et surtout les petits, forment des ondulations qui donnent à penser que les dépôts auxquels ils sont dus ont été faits par les eaux.

    » Quoique l’on fasse une distinction entre ces plâtres, et qu’on donne à l’un le nom de blanc préférablement à l’autre, celui-ci n’est pas néanmoins réellement noir ; il n’est seulement qu’un peu moins blanc que l’autre : on met à part le plus blanc, et l’on mêle ensemble toutes les autres espèces ; ces espèces sont le plâtre qu’on appelle par préférence le noir, la crasse, le rouge, le tarque, le mouton et le très noir. Le rouge est d’une couleur de chair ou de cerise pâle, le tarque est brun noirâtre, et la crasse tire sur le gris blanc ; le blanc même le plus beau n’est pas transparent, mais les uns et les autres de ces bancs en fournissent qui sont fibreux, d’un blanc sale soyeux, et qui a de la transparence. » Mémoires de l’Académie des sciences, année 1763, p. 156 et suiv.

  1. Voyez les Mémoires sur la minéralogie du Dauphiné, t. II, p. 278, 279, 286, 289 et 290.
  2. Voyez le Journal de physique d’octobre 1780, p. 289 et suiv.
  3. « Il y en a de plus de 60 pieds de profondeur, qui ont plus de trente couches, depuis 2 lignes jusqu’à 2 pieds d’épaisseur, qui paraissent avoir été déposées et charriées avec une gradation successive, selon qu’on le voit par leurs feuillets et leurs couleurs ; mais ce n’est cependant qu’une seule et même masse de plâtre, variée seulement par l’arrangement des parties. » Histoire naturelle d’Espagne, par M. Bowles, p. 191 et 192.
  4. Histoire naturelle d’Espagne, par M. Bowles, p. 106.
  5. Idem, ibidem.
  6. « Au bas de cette montagne, dit M. Bowles, il y a une couche de marne ou terre à chaux mêlée d’argile, jaune, rouge et grise, laquelle sert de couverture à une base de plâtre ronge, blanc, châtain, couleur de rose, noir, gris et jaune, qui est le fondement de toute la montagne. » Idem, ibidem, p. 84.
  7. « Il y a dans ce lieu trois espèces de gypse : dans la première, située parallèlement à l’horizon et disposée par lits alternatifs avec des lits de terre, est le gypse commun nommé scaglia par les ouvriers du pays ; on l’employait autrefois tout brut dans les fondations des tours, et même pour les ornements des portes et des fenêtres ; mais à présent, étant brûlé et réduit en poudre, il passe pour un excellent ciment, surtout si on le mêle avec de la chaux pour qu’il résiste mieux à l’humidité.

    » La seconde espèce de gypse, appelée scagliola, est située perpendiculairement à l’horizon, dans les fentes de la montagne : c’est une espèce de talc imparfait, et peut-être la