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Maintenant, si nous passons aux pays étrangers, nous trouverons qu’il y a dans le Groenland, sur les bords de la mer, beaucoup de marbres de toutes sortes de couleurs ; mais la plupart sont noirs et blancs, parsemés de veines spathiques ; le rivage est aussi couvert de quartiers informes de marbre rouge avec des veines blanches, vertes et d’autres couleurs[1].

En Suède et en Angleterre, il y a de même des marbres dont la plupart varient par leurs couleurs.

En Allemagne, on en trouve aux environs de Salzbourg et de Linz différentes variétés : les uns sont d’un rouge lie de vin, d’autres sont olivâtres veinés de blanc, d’autres rouges et rougeâtres, avec des veines blanches, et d’autres sont d’un blanc pâle veinés de noirâtre[2]. Il y en a quelques-uns à Bareith, ainsi qu’en Saxe et en Silésie, dont on peut faire des statues, et on tire des environs de Brême du marbre jaune taché de blanc.

À Altorf, près de Nuremberg, on a découvert depuis peu une sorte de marbre remarquable par la quantité de bélemnites et de cornes d’Ammon qu’il contient. Sa carrière est située dans un endroit bas et aquatique ; la couche en est horizontale, et n’a que dix-huit à dix-neuf pouces d’épaisseur ; elle est recouverte par dix-huit pieds de terre, et se prolonge sous les collines sans changer de direction ; elle est divisée par une infinité de fentes perpendiculaires qui ne sont éloignées l’une de l’autre que de trois, quatre et cinq pieds, et ces fentes se multiplient d’autant plus que la couche de marbre s’éloigne davantage des terrains humides, ce qui fait qu’on ne peut pas obtenir de grands blocs de ce marbre ; sa couleur, lorsqu’il est brut, paraît être d’un gris d’ardoise, mais le poli lui donne une couleur verte mêlée de gris brun, qui est agréablement relevée par les différentes figures que le mélange des coquilles y a dessinées[3].

Le pays de Liège et la Flandre fournissent des marbres plus ou moins beaux et plus ou moins variés dans leurs couleurs. On en tire de plusieurs sortes aux environs de Dinant : l’une est d’un noir très pur et très beau ; une autre est aussi d’un très beau noir, mais rayée de quelques veines blanches ; une troisième est d’un rouge pâle avec de grandes plaques et quelques veines blanches ; une quatrième est de couleur grisâtre et blanche, mêlée d’un rouge couleur de sang ; et une cinquième, qui vient aussi de Liège, est d’un noir pur et reçoit un beau poli.

On tire, aux environs de Namur, un marbre qui est aussi noir que ce dernier marbre de Liège ; mais il est traversé par quelques filets gris.

Dans le pays des Grisons, il se trouve à Puschiavio plusieurs sortes de marbres : l’un est de couleur incarnate ; un autre, qui se tire sur le mont Jule, est très rouge ; un autre, qui est de couleur blanche, forme un grand rocher auprès de Sanada ; il y a un autre marbre à Tirano, qui est entièrement noir.

À Valmara, dans la Valteline, il y a du marbre rouge, mais en petites masses et seulement propre à faire des mortiers à piler.

Dans le Valais, on trouve, près des sources du Rhin, du marbre noir veiné de blanc.

Le canton de Glaris a aussi des marbres noirs veinés de blanc : on en tire de semblables auprès de Guppenberg, de Schwanden et de Psefers, où il se trouve un autre marbre qui est de couleur grise brune, parsemée de lentilles striées et convexes des deux côtés.

Le canton de Zurich fournit du marbre noir veiné de blanc, qui se tire à Vendenchwil ; un autre qui est aussi de couleur noire, mais rayé ou veiné de jaune, se trouve à Albisrieden.

  1. Hist. générale des voyages, t. XIX, p. 28.
  2. Mém. de l’Académie des sciences, année 1763, p. 213.
  3. Description manuscrite du marbre d’Altorf, découvert par le sieur J. Frédéric Baudet, bourgmestre, envoyée à M. le comte de Buffon.