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Dans le pays de Hainaut, le marbre de Barbançon est noir veiné de blanc, et celui de Rance est rouge sale, mêlé de taches et de veines grises et blanches.

Celui de Givet que l’on tire près de Charlemont, sur les frontières du Luxembourg, est noir veiné de blanc, comme celui de Barbançon, mais il est plus net et plus agréable à l’œil.

On tire de Picardie le marbre de Boulogne, qui est une espèce de brocatelle, dont les taches sont fort grandes et mêlées de quelques filets rouges.

Un autre marbre qui tient encore de la brocatelle, se tire de la province de Champagne ; il est taché de gris comme s’il était parsemé d’yeux de perdrix. Il y a encore, dans cette même province, des marbres nuancés de blanc et de jaunâtre.

Le marbre de Caen en Normandie est d’un rouge entremêlé de veines et de taches blanches : on en trouve de semblable près de Cannes, en Languedoc.

Depuis quelques années on a découvert dans le Poitou, auprès de La Bonardelière, une carrière de fort beaux marbres ; il y en a de deux sortes : l’un est d’un assez beau rouge foncé, agréablement coupé et varié par une infinité de taches de toutes sortes de formes qui sont d’un jaune pâle ; l’autre, au contraire, est uniforme dans sa couleur ; les blocs en sont gris ou jaunes, sans aucun mélange ni taches[1].

Dans le pays d’Aunis, M. Peluchon a trouvé, à deux lieues de Saint-Jean-d’Angely, un marbre coquillier qu’il compare pour la beauté aux beaux marbres coquilliers d’Italie ; il est en couches dans sa carrière, et il se présente en blocs et en plateaux de quatre à cinq pieds en carré. Il est composé, comme les lumachelles, d’une infinité de petits coquillages. Il y en a du jaunâtre et du gris, et tous deux reçoivent un très beau poli[2].

Dans le Languedoc, on trouve aussi diverses sortes de marbres, qui méritent d’être employés à l’ornement des édifices par la beauté et la variété de leurs couleurs : on en tire une fort grande quantité auprès de la ville de Cannes, diocèse de Narbonne ; il y en a d’incarnat ou d’un rouge pâle, marqués de veines et de taches blanches ; d’autres qui sont d’un bleu turquin, et dans ces marbres turquins, il y en a qui sont mouchetés d’un gris clair.

Il y a aussi, dans les environs de Cannes, une autre sorte de marbre que l’on appelle griotte, parce que sa couleur approche beaucoup de celle des cerises de ce nom ; il est d’un rouge foncé mêlé de blanc sale : un autre marbre du même pays est appelé cervelas, parce qu’il a des taches blanches sur un fond rougeâtre[3].

En Provence, le marbre de la Sainte-Baume est renommé ; il est taché de rouge, de blanc et de jaune ; il approche de celui que l’on appelle brocatelle d’Italie : ce marbre est un des plus beaux qu’il y ait en France.

En Auvergne, il se trouve du marbre rougeâtre mêlé de gris, de jaune et de vert.

En Gascogne, le marbre sérancolin, dans le val d’Aure ou vallée d’Aure, est d’un rouge de sang ordinairement mêlé de gris et de jaune ; mais il s’y trouve aussi des parties spathiques et transparentes. Ses carrières, qui étaient de seconde formation, et dont on a tiré des blocs d’un très grand volume, sont actuellement épuisées.

Près de Comminges, dans la même province de Gascogne, on trouve à Saint-Bertrand un marbre verdâtre mêlé de taches rouges et de quelques taches blanches.

Le marbre campan vient aussi de Gascogne : on le lire près de Tarbes ; il est mêlé plus ou moins de blanc, de rouge, de vert et d’isabelle ; le plus commun de tous est celui qu’on appelle vert-campan, qui, sur un beau vert, n’est mêlé que de blanc. Tous ces marbres sont de seconde formation, et on en a tiré d’assez grands blocs pour en faire des colonnes.

  1. Gazette d’Agriculture du mardi 4 juin 1776.
  2. Idem, du mardi 8 août 1775.
  3. Hist. naturelle du Languedoc, par M. de Gensane, t. II, p. 199.