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PREMIER MÉMOIRE

EXPÉRIENCES SUR LE PROGRÈS DE LA CHALEUR DANS LES CORPS.

J’ai fait dix boulets de fer forgé et battu :

Pouces.
Le premier d’un demi-pouce de diamètre. 0 1/2
Le second d’un pouce. 1 0/2
Le troisième d’un pouce et demi. 1 1/2
Le quatrième de deux pouces. 2 0/2
Le cinquième de deux pouces et demi. 2 1/2
Le sixième de trois pouces. 3 0/2
Le septième de trois pouces et demi. 3 1/2
Le huitième de quatre pouces. 4 0/2
Le neuvième de quatre pouces et demi. 4 1/2
Le dixième de cinq pouces. 5 0/2

Ce fer venait de la forge de Chameçon, près Châtillon-sur-Seine, et comme tous les boulets ont été faits du fer de cette même forge, leurs poids se sont trouvés à très peu près proportionnels aux volumes.

  1. Le boulet d’un demi-pouce pesait 190 grains, ou 2 gros 46 grains.
  2. Le boulet d’un pouce pesait 1 522 grains, ou 2 onces 5 gros 10 grains.
  3. Le boulet d’un pouce et demi pesait 5 136 grains, ou 8 onces 7 gros 24 grains.
  4. Le boulet de deux pouces pesait 12 173 grains, ou 1 livre 5 onces 1 gros 5 grains.
  5. Le boulet de deux pouces et demi pesait 23 781 grains, ou 2 livres 9 onces 2 gros 21 grains.
  6. Le boulet de trois pouces pesait 41 085 grains, ou 4 livres 7 onces 22 gros 45 grains.
  7. Le boulet de trois pouces et demi pesait 65 254 grains, ou 7 livres 1 once 2 gros 22 grains.
  8. Le boulet de quatre pouces pesait 97 388 grains, ou 10 livres 9 onces 44 grains.
  9. Le boulet de quatre pouces et demi pesait 138 179 grains, ou 14 livres 15 onces 7 gros 11 grains.
  10. Le boulet de cinq pouces pesait 190 211 grains, ou 20 livres 10 onces 1 gros 59 grains.

Tous ces poids ont été pris juste avec de très bonnes balances, en faisant limer peu à peu ceux des boulets qui se sont trouvés un peu trop forts.

Avant de rapporter les expériences, j’observerai :

1o Que pendant tout le temps qu’on les a faites le thermomètre exposé à l’air libre était à la congélation ou à quelques degrés au-dessous[1], mais qu’on a laissé refroidir les boulets dans une cave où le thermomètre était à peu près à dix degrés au-dessus de la congélation, c’est-à-dire au degré de la température des caves de l’Observatoire, et c’est ce degré que je prends ici pour celui de la température actuelle de la terre.

2o J’ai cherché à saisir deux instants dans le refroidissement : le premier où les boulets cessaient de brûler, c’est-à-dire le moment où on pouvait les toucher et les tenir avec la main, pendant une seconde, sans se brûler ; le second temps de ce refroidissement était celui où les boulets se sont trouvés refroidis jusqu’au point de la température actuelle, c’est-à-dire à dix degrés au-dessus de la congélation. Et, pour connaître le moment de ce refroidissement jusqu’à la température actuelle, on s’est servi d’autres boulets de comparaison de même matière et de mêmes diamètres qui n’avaient pas été chauffés, et que

  1. Division de Réaumur.