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Les végétaux et la plupart des insectes n’ont, au lieu de poumons, que des tuyaux aspiratoires, des espèces de trachées par lesquelles ils ne laissent pas de pomper tout l’air qui leur est nécessaire : on le voit passer en bulles très sensibles dans la sève de la vigne ; il est non seulement pompé par les racines, mais souvent même par les feuilles ; il fait partie, et partie très essentielle, de la nourriture du végétal qui dès lors se l’assimile, le fixe et le conserve. Le petit degré de la chaleur végétale, joint à celui de la chaleur du soleil, suffit pour détruire le ressort de l’air contenu dans la sève, surtout lorsque cet air qui n’a pu être admis dans le corps de la plante et arriver à la sève qu’après avoir passé par des tuyaux très serrés, se trouve divisé en particules presque infiniment petites que le moindre degré de chaleur suffit pour rendre fixes. L’expérience confirme pleinement tout ce que je viens d’avancer : les matières animales et végétales contiennent toutes une très grande quantité de cet air fixe, et c’est en quoi consiste l’un des principes de leur inflammabilité ; toutes les matières combustibles contiennent beaucoup d’air, tous les animaux et les végétaux, toutes leurs parties, tous leurs détriments, toutes les matières qui en proviennent, toutes les mêmes substances où ces détriments se trouvent mélangés, contiennent plus ou moins d’air fixe, et la plupart renferment aussi une certaine quantité d’air élastique. On ne peut douter de ces faits, dont la certitude est acquise par les belles expériences du docteur Hales, et dont les chimistes ne me paraissent pas avoir senti toute la valeur, car ils auraient reconnu depuis longtemps que l’air fixe doit jouer en grande partie le rôle de leur phlogistique, ils n’auraient pas adopté ce terme nouveau qui ne répond à aucune idée précise, et ils n’en auraient pas fait la base de toutes leurs explications des phénomènes chimiques, ils ne l’auraient pas donné pour un être identique et toujours le même, puisqu’il est composé d’air et de feu, tantôt dans un état fixe et tantôt dans celui de la plus grande volatilité. Et ceux d’entre eux qui ont regardé le phlogistique comme le produit du feu élémentaire ou de la lumière se sont moins éloignés de la vérité, parce que le feu ou la lumière produisent, par le secours de l’air, tous les effets du phlogistique.

Les minéraux qui, comme les soufres et les pyrites contiennent dans leur substance une quantité plus ou moins grande des détriments ultérieurs des animaux et des végétaux, renferment dès lors des parties combustibles qui, comme toutes les autres, contiennent plus ou moins d’air fixe, mais toujours beaucoup moins que les substances purement animales ou végétales : on peut également leur enlever cet air fixe par la combustion ; on peut aussi le dégager par le moyen de l’effervescence, et dans les matières animales et végétales on le dégage par la simple fermentation, qui, comme la combustion, a toujours besoin d’air pour s’opérer. Ceci s’accorde si parfaitement avec l’expérience, que je ne crois pas devoir insister sur la preuve des faits. Je me contenterai d’observer que les soufres et les pyrites ne sont pas les seuls minéraux qu’on doive regarder comme combustibles, qu’il y en a beaucoup d’autres dont je ne ferai point ici l’énumération, parce qu’il suffit de dire que leur degré de combustibilité dépend ordinairement de la quantité de soufre qu’ils contiennent. Tous les minéraux combustibles tirent donc originairement cette propriété ou du mélange des parties animales et végétales qui sont incorporées avec eux, ou des particules de lumière, de chaleur et d’air qui, par le laps de temps, se sont fixées dans leur intérieur[NdÉ 1]. Rien, selon moi, n’est combustible que ce qui a été formé par une

    les globules, devenus riches en oxyhémoglobine, dans toutes les parties de l’organisme. Au contact des éléments anatomiques, les globules perdent l’excès d’oxygène qu’ils contiennent ; celui-ci se combine avec les principes chimiques constituant des tissus en déterminant une production de chaleur.

  1. Buffon suppose qu’un corps n’est combustible que parce qu’il contient des éléments combustibles distincts de sa propre substance, ou parce qu’il contient « des particules de lumière, de chaleur et d’air ». Il montre par là qu’il ignorait complètement en quoi consiste