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surface intérieure des poumons est étendue et ramifiée en un plus grand nombre de cellules ou de bronches, plus en un mot elle présente de superficie à l’air que l’animal tire par l’inspiration, plus aussi son sang devient chaud et plus il communique de chaleur à toutes les parties du corps qu’il abreuve ou nourrit, et cette proportion a lieu dans tous les animaux connus. Les oiseaux ont, relativement au volume de leur corps, les poumons considérablement plus étendus que l’homme ou les quadrupèdes ; les reptiles, même ceux qui ont de la voix, comme les grenouilles, n’ont au lieu de poumons qu’une simple vessie ; les insectes qui n’ont que peu ou point de sang ne pompent l’air que par quelques trachées, etc. Aussi en prenant le degré de la température de la terre pour terme de comparaison, j’ai vu que cette chaleur étant supposée de 10 degrés, celle des oiseaux était de près de 33 degrés, celle de quelques quadrupèdes de plus de 31 1/2 degrés, celle de l’homme de 30 1/2 ou 31[1], tandis que celle des grenouilles n’est que de 15 ou 16, celle des poissons

  1. « À mon thermomètre (dit le docteur Martine) où le terme de la congélation est marqué 32, j’ai trouvé que ma peau, partout où elle était bien couverte, élevait le mercure au degré 96 ou 97… que l’urine, nouvellement rendue et reçue dans un vase de la même température qu’elle, est à peine d’un degré plus chaude que la peau, et nous pouvons supposer qu’elle est à peu près au degré des viscères voisins… Dans les quadrupèdes ordinaires, tels que les chiens, les chats, les brebis, les bœufs, les cochons, etc., la chaleur de la peau élève le thermomètre 4 ou 5 degrés plus haut que dans l’homme, et le porte aux degrés 100, 101, 102 ; et dans quelques-uns au degré 103, ou même un peu plus haut… La chaleur des cétacés est égale à celle des quadrupèdes… J’ai trouvé que la chaleur de la peau du veau marin était proche du degré 102, et celle de la cavité de l’abdomen environ un degré plus haut… Les oiseaux sont les plus chauds de tous les animaux, et surpassent de 3 ou 4 degrés les quadrupèdes, suivant l’expérience que j’en ai faite moi-même sur les canards, les oies, les poules, les pigeons, les perdrix, les hirondelles ; la boule du thermomètre placée entre leurs cuisses, le mercure s’élevait aux degrés 103, 104, 105, 106, 107. » Le même observateur a reconnu que les chenilles n’avaient que très peu de chaleur, environ 2 ou 3 degrés au-dessus de l’air dans lequel elles vivent. « Ainsi, dit-il, la classe des animaux froids est formée par toute la famille des insectes, hormis les abeilles, qui font une exception singulière… » — (Nota. Je ne sais pas s’il faut faire ici une exception pour les abeilles, comme l’ont fait la plupart de nos observateurs, qui prétendent que ces mouches ont autant de chaleur que les animaux qui respirent, parce que leur ruche est aussi chaude que le corps de ces animaux : il me semble que cette chaleur de l’intérieur de la ruche n’est point du tout la chaleur de chaque abeille ; mais la somme totale de la chaleur qui s’évapore des corps de neuf ou dix mille individus réunis dans cet espace où leur mouvement continuel doit l’augmenter encore, et en divisant cette somme générale de chaleur par la quantité particulière de chaleur que s’évapore de chaque individu, on trouverait peut-être que l’abeille n’a pas plus de chaleur qu’une autre mouche.) — « J’ai trouvé, par des expériences fréquentes, que la chaleur d’un essaim d’abeilles élevait le thermomètre qui en était entouré, au degré 97, chaleur qui ne le cède point à la nôtre. La chaleur des autres animaux d’une vie faible excède peu la chaleur du milieu environnant ; à peine distingue-t-on quelques différences dans les moules et dans les huîtres, très peu dans les carrelets, les merlans, les merlus et autres poissons à ouïes, qui m’ont tous paru avoir à peine un degré de plus que l’eau de mer dans laquelle ils vivaient, et qui était lors de mon observation au degré 41. Enfin, il n’y en a guère plus dans les poissons de rivière, et quelques truites que j’ai examinées étaient au degré 62, pendant que l’eau de la rivière était au degré 61… Suivant le résultat de plusieurs expériences, j’ai trouvé que les limaçons étaient de 2 degrés plus chauds que l’air. Les grenouilles et les tortues de terre m’ont paru avoir quelque chose de plus, et environ 5 degrés de plus que l’air qu’elles respiraient… J’ai aussi examiné la chaleur d’une carpe et celle d’une anguille, et j’ai trouvé qu’elles excédaient à peine la chaleur de l’eau où ces poissons vivaient, et qui était au degré 54. » Essais sur les thermomètres, art. 38, 39, 40, 41, 44, 45, 46 et 47.