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Au reste, quoique généralement parlant, et comme je l’ai dit, les mines en roche, et qui se trouvent en grandes masses solides, doivent leur origine à l’élément du feu, néanmoins il se trouve aussi plusieurs mines de fer en assez grosses masses qui se sont formées par le mouvement et l’intermède de l’eau. On distinguera, par l’épreuve de l’aimant, celles qui ont subi l’action du feu, car elles seront toujours magnétiques, au lieu que celles qui ont été produites par la stillation des eaux ne le sont point du tout et ne le deviendront qu’après avoir été bien grillées et presque liquéfiées. Ces mines en roche, qui ne sont point attirables par l’aimant, ne contiennent pas plus de soufre que nos mines en grain : l’opération de les griller, qui est très coûteuse, doit dès lors être supprimée, à moins qu’elle ne soit nécessaire pour attendrir ces pierres de fer assez pour qu’on puisse les concasser sous les pilons du bocard.

J’ai tâché de présenter, dans ce Mémoire, tout ce que j’ai cru qui pourrait être utile à l’amélioration des canons de notre marine ; je sens en même temps qu’il reste beaucoup de choses à faire, surtout pour se procurer dans chaque fonderie une fonte pure et assez compacte pour avoir une résistance supérieure à toute explosion ; cependant je ne crois point du tout que cela soit impossible, et je pense qu’en purifiant la fonte de fer, autant qu’elle peut l’être, on arriverait au point que la pièce ne ferait que se fendre au lieu d’éclater par une trop forte charge : si l’on obtenait une fois ce but, il ne nous resterait plus rien à craindre ni rien à désirer à cet égard.