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clure que l’incandescence à l’intérieur de la loupe n’avait fini qu’alors, c’est-à-dire 42 minutes après celle de la surface, et qu’en tout elle avait duré 140 minutes.

Cette loupe était de figure à peu près ovale et aplatie sur deux faces parallèles ; son grand diamètre était de 13 pouces, et le petit de 8 pouces ; elle avait aussi, à très peu près, 8 pouces d’épaisseur partout, et elle pesait 91 livres 4 onces après avoir été refroidie.

2. Un autre renard, mais plus petit que le premier, tout aussi blanc de flamme et pétillant de feu, au lieu d’être porté sous le marteau, a été mis dans le même lieu obscur où il n’a cessé de donner de la flamme qu’au bout de 22 minutes ; ensuite il n’a perdu sa couleur rouge qu’après 43 minutes, ce qui fait 65 minutes pour la durée des deux états d’incandescence à la surface, sur laquelle ayant ensuite jeté des grains de poudre, ils n’ont cessé de s’enflammer avec explosion qu’au bout de 40 minutes, ce qui fait en tout 105 minutes pour la durée de l’incandescence, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur.

Cette loupe était à peu près circulaire, sur 9 pouces de diamètre, et elle avait environ 6 pouces d’épaisseur partout ; elle s’est trouvée du poids de 54 livres après son refroidissement.

J’ai observé que la flamme et la couleur rouge suivent la même marche dans leur dégradation : elles commencent par disparaître à la surface supérieure de la loupe, tandis qu’elles durent encore aux surfaces latérales, et continuent de paraître assez longtemps autour de la surface inférieure, qui, étant constamment appliquée sur la terre, se refroidit plus lentement que les autres surfaces qui sont exposées à l’air.

3. Un troisième renard tiré du feu très blanc, brûlant et pétillant d’étincelles et de flamme, ayant été porté dans cet état sous le marteau, n’a conservé cette incandescence enflammée que 6 minutes ; les coups précipités dont il a été frappé pendant ces 6 minutes, ayant comprimé la matière, en ont en même temps réprimé la flamme qui aurait subsisté plus longtemps sans cette opération, par laquelle on en a fait une pièce de fer de 12 pouces 1/2 de longueur, sur 4 pouces en carré, qui s’est trouvée peser 48 livres 4 onces après avoir été refroidie. Mais, ayant mis auparavant cette pièce encore toute rouge dans le même lieu obscur, elle n’a cessé de paraître rouge à sa surface qu’au bout de 46 minutes, y compris les 6 premières. Ayant ensuite fait l’épreuve avec la poudre à tirer qui n’a cessé de s’enflammer avec explosion que 26 minutes après les 46, il en résulte que l’incandescence intérieure et totale a duré 72 minutes.

En comparant ensemble ces trois expériences, on peut conclure que la durée de l’incandescence totale est, comme celle de la prise de consistance, proportionnelle à l’épaisseur de la matière. Car la première loupe, qui avait 8 pouces d’épaisseur, a conservé son incandescence pendant 140 minutes : la seconde, qui avait 6 pouces d’épaisseur, l’a conservée pendant 105 minutes ; et la troisième, qui n’avait que 4 pouces, ne l’a conservée que pendant 72 minutes. Or, 105 : 140 : : 6 : 8, et de même 72 : 140 à peu près : : 4 : 8, en sorte qu’il paraît y avoir même rapport entre les temps qu’entre les épaisseurs.

4. Pour m’assurer encore mieux de ce fait important, j’ai cru devoir répéter l’expérience sur une loupe, prise, comme la précédente, au sortir de la chaufferie. On l’a portée tout enflammée sous le marteau ; la flamme a cessé au bout de 6 minutes, et dans ce moment on a cessé de la battre ; on l’a mise tout de suite dans le même lieu obscur ; le rouge n’a cessé qu’au bout de 39 minutes, ce qui donne 45 minutes pour les deux états d’incandescence à la surface ; ensuite la poudre n’a cessé de s’enflammer avec explosion qu’au bout de 28 minutes : ainsi l’incandescence intérieure et totale a duré 73 minutes. Or, cette pièce avait, comme la précédente, 4 pouces juste d’épaisseur, sur deux faces en carré, et 10 pouces 1/4 de longueur : elle pesait 39 livres 4 onces après avoir été refroidie.

Cette dernière expérience s’accorde si parfaitement avec celle qui la précède et avec les deux autres, qu’on ne peut pas douter qu’en général la durée de l’incandescence ne