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No 3. — Le 31 juillet, la gueuse a cessé de couler à midi 35 minutes ; sa surface dans la partie du milieu avait pris sa consistance à 39 minutes, c’est-à-dire en 4 minutes, et l’ayant cassée dans cet endroit à midi 44 minutes, il s’en est écoulé une grande quantité de fonte encore en fusion ; on avait remarqué que la fonte de cette gueuse était plus liquide que celle du numéro précédent, et on a conservé un morceau cassé dans lequel l’écoulement de la matière intérieure a laissé une cavité profonde de 26 pouces dans l’intérieur de la gueuse. Ainsi la surface ayant pris en 4 minutes sa consistance solide, l’intérieur était encore en grande liquéfaction après 8 minutes 1/2.

No 4. — Le 2 août, à 4 heures 47 minutes, la gueuse qu’on a coulée s’est trouvée d’une fonte très épaisse : aussi sa surface dans le milieu a pris sa consistance en 3 minutes ; et 1 minute 1/2 après, lorsqu’on l’a cassée, toute la fonte de l’intérieur s’est écoulée, et n’a laissé qu’un tuyau de 6 lignes d’épaisseur sous la face supérieure, et de 1 pouce environ d’épaisseur aux autres faces.

No 5. — Le 3 août, dans une gueuse de fonte très liquide, on a casse trois morceaux d’environ 2 pieds 1/2 de long, à commencer du côté de la tête de la gueuse, c’est-à-dire dans la partie la plus froide du moule et la plus éloignée du fourneau, et l’on a reconnu, comme il était naturel de s’y attendre, que la partie intérieure de la gueuse était moins consistante à mesure qu’on approchait du fourneau, et que la cavité intérieure, produite par l’écoulement de la fonte encore liquide, était à peu près en raison inverse de la distance au fourneau. Deux causes évidentes concourent à produire cet effet : le moule de la gueuse, formé par les sables, est d’autant plus échauffé qu’il est plus près du fourneau, et en second lieu il reçoit d’autant plus de chaleur qu’il y passe une plus grande quantité de fonte. Or la totalité de la fonte qui constitue la gueuse passe dans la partie du moule où se forme sa queue, auprès de l’ouverture de la coulée, tandis que la tête de la gueuse n’est formée que de l’excédent qui a parcouru le moule entier et s’est déjà refroidi avant d’arriver dans cette partie la plus éloignée du fourneau, la plus froide de toutes, et qui n’est échauffée que par la seule matière qu’elle contient. Aussi des trois morceaux pris à la tête de cette gueuse, la surface du premier, c’est-à-dire du plus éloigné du fourneau, a pris sa consistance en 1 minute 1/2, mais tout l’intérieur a coulé au bout de 3 minutes 1/2. La surface du second a de même pris sa consistance en 1 minute 1/2, et l’intérieur coulait de même au bout de 3 minutes 1/2 ; enfin la surface du troisième morceau, qui était le plus loin de la tête et qui approchait du milieu de la gueuse, a pris sa consistance en 1 minute 1/2, et l’intérieur coulait encore très abondamment au bout de 4 minutes.

Je dois observer que toutes ces gueuses étaient triangulaires, et que leur face supérieure, qui était la plus grande, avait environ 6 pouces 1/2 de largeur. Cette face supérieure, qui est exposée à l’action de l’air, se consolide néanmoins plus lentement que les deux faces qui sont dans le sillon où la matière a coulé ; l’humidité des sables qui forment cette espèce de moule refroidit et consolide la fonte plus promptement que l’air, car dans tous les morceaux que j’ai fait casser, les cavités formées par l’écoulement de la fonte encore liquide étaient bien plus voisines de la face supérieure que des deux autres faces.

Ayant examiné tous ces morceaux après leur refroidissement, j’ai trouvé : 1o que les morceaux du no 4 ne s’étaient consolidés que de 6 lignes d’épaisseur sous la face supérieure ; 2o que ceux du no 5 se sont consolidés de 9 lignes d’épaisseur sous cette même face supérieure ; 3o que les morceaux du no 2 s’étaient consolidés de 1 pouce d’épaisseur sous cette même face ; 4o que les morceaux au no 3 s’étaient consolidés de 1 pouce 1/2 d’épaisseur sous la même face ; et enfin que les morceaux du no 1 s’étaient consolidés jusqu’à 2 pouces 3 lignes sous cette même face supérieure

Les épaisseurs consolidées sont donc 6, 9, 12, 18, 27 lignes, et les temps employés à cette consolidation sont 1 1/2, 2 ou 2 1/2, 3, 4 1/2, 7 minutes : ce qui fait à très peu près le quart numérique des épaisseurs. Ainsi les temps nécessaires pour consolider le métal