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TROISIÈME EXPÉRIENCE.

» J’ai remis ce même demi-gros dans une nouvelle coupelle, mais au lieu de moufle j’ai renversé sur le support un creuset de plomb noir de Passaw ; j’avais eu l’attention de n’employer pour support que des têts d’argile pure très réfractaire ; par ce moyen je pouvais augmenter la violence du feu et prolonger sa durée, sans craindre de voir couler les vaisseaux ni obstruer l’argile par les scories. Cet appareil ainsi placé dans le fourneau, j’y ai entretenu pendant quatre heures un feu de la dernière violence ; lorsque tout a été refroidi, j’ai trouvé le creuset bien conservé, soudé au support ; ayant brisé cette soudure vitreuse, j’ai reconnu que rien n’avait pénétré dans l’intérieur du creuset, qui paraissait seulement plus luisant qu’il n’était auparavant. La coupelle avait conservé sa forme et sa position ; elle était un peu fendillée, mais pas assez pour se laisser pénétrer ; aussi le bouton de platine n’y était-il pas adhérent. Ce bouton n’était encore qu’agglutiné, mais d’une manière bien plus serrée que la première fois : les grains étaient moins saillants, la couleur en était plus claire, le brillant plus métallique ; et ce qu’il y eut de plus remarquable, c’est qu’il s’était élancé de sa surface, pendant l’opération, et probablement dans les premiers instants du refroidissement, trois jets de verre, dont l’un plus élevé, parfaitement sphérique, était porté sur un pédicule d’une ligne de hauteur, de la même matière transparente et vitreuse ; ce pédicule avait à peine un sixième de ligne, tandis que le globule avait une ligne de diamètre, d’une couleur uniforme, avec une légère teinte de rouge qui ne dérobait rien à sa transparence ; des deux autres jets de verre, le plus petit avait un pédicule comme le plus gros, et le moyen n’avait point de pédicule, et était seulement attaché au platine par sa surface extérieure.

QUATRIÈME EXPÉRIENCE.

» J’ai essayé de coupeller le platine, et pour cela j’ai mis dans une coupelle 1 gros des mêmes grains enlevés par l’aimant, avec 2 gros de plomb. Après avoir donné un très grand feu pendant deux heures, j’ai trouvé dans la coupelle un bouton adhérent, couvert d’une croûte jaunâtre et un peu spongieuse, du poids de 2 gros 12 grains, ce qui annonçait que le platine avait retenu 1 gros 12 grains de plomb.

» J’ai remis ce bouton dans une autre coupelle au même fourneau, observant de le retourner : il n’a perdu que 12 grains dans un feu de deux heures ; sa couleur et sa forme avaient très peu changé.

» Je lui ai appliqué ensuite le vent du soufflet, après l’avoir placé dans une nouvelle coupelle couverte d’un creuset de Passaw, dans la partie inférieure d’un fourneau de fusion dont j’avais ôté la grille ; le bouton a pris alors un coup d’œil plus métallique, toujours un peu terne, et cette fois il a perdu 18 grains.

» Le même bouton ayant été remis dans le fourneau de M. Macquer, toujours placé dans une coupelle couverte d’un creuset de Passaw, je soutins le feu pendant trois heures, après lesquelles je fus obligé de l’arrêter, parce que les briques qui servaient de support avaient entièrement coulé ; le bouton était devenu de plus en plus métallique, il adhérait pourtant à la coupelle ; il avait perdu cette fois 34 grains. Je le jetai dans l’acide nitreux fumant pour essayer de le décaper ; il y eut un peu d’effervescence lorsque j’ajoutai de l’eau distillée ; le bouton y perdit effectivement 2 grains, et j’y remarquai quelques petits trous, comme ceux que laisse le départ.

» Il ne restait plus que 22 grains de plomb alliés au platine, à en juger par l’excédant de son poids ; je commençai à espérer de vitrifier cette dernière portion de plomb, et