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INTRODUCTION À L’HISTOIRE DES MINÉRAUX



DES ÉLÉMENTS



PREMIÈRE PARTIE

DE LA LUMIÈRE, DE LA CHALEUR ET DU FEU

Les puissances de la nature, autant qu’elles nous sont connues, peuvent se réduire à deux forces primitives, celle qui cause la pesanteur et celle qui produit la chaleur. La force d’impulsion leur est subordonnée ; elle dépend de la première pour ses effets particuliers, et tient à la seconde pour l’effet général : comme l’impulsion ne peut s’exercer qu’au moyen du ressort, et que le ressort n’agit qu’en vertu de la force qui rapproche les parties éloignées, il est clair que l’impulsion a besoin, pour opérer, du concours de l’attraction ; car si la matière cessait de s’attirer, si les corps perdaient leur cohérence, tout ressort ne serait-il pas détruit, toute communication de mouvement interceptée, toute impulsion nulle, puisque, dans le fait[1], le mouvement ne se communique et ne peut se transmettre d’un corps à un autre que par l’élasticité, qu’enfin on peut démontrer qu’un corps parfaitement dur, c’est-à-dire absolument inflexible, serait en même temps absolument immobile et tout à fait incapable de recevoir l’action d’un autre corps[2] ? L’attrac-

  1. Pour une plus grande intelligence, je prie mes lecteurs de revoir la seconde partie de l’article de cet ouvrage qui a pour titre : De la Nature, seconde vue.
  2. La communication du mouvement a toujours été regardée comme une vérité d’expérience : les plus grands mathématiciens se sont contentés d’en calculer les résultats dans les différentes circonstances, et nous ont donné sur cela des règles et des formules où ils ont employé beaucoup d’art ; mais personne, ce me semble, n’a jusqu’ici considéré la nature intime du mouvement, et n’a tâché de se représenter et de présenter aux autres la manière physique dont le mouvement se transmet et passe d’un corps à un autre corps. On a prétendu que les corps durs pouvaient le recevoir comme les corps à ressort, et, sur cette hypothèse déniée de preuves, on a fondé des propositions et des calculs dont on a tiré une infinité de fausses conséquences ; car les corps supposés durs et parfaitement inflexibles ne pourraient recevoir le mouvement. Pour le prouver, soit un globe parfaitement dur, c’est-à-dire inflexible dans toutes ses parties, chacune de ces parties ne pourra par conséquente être rapprochée ou éloignée de la partie voisine, sans quoi cela serait contre la supposition ; donc, dans un globe parfaitement dur, les parties ne peuvent recevoir aucun déplacement, aucun changement, aucune action, car si elles recevaient une action, elles auraient une réaction, les corps ne pouvant réagir qu’en agissant. Puis donc que toutes les parties prises