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III. — Les matières vitrescibles et vitrées que j’ai mises à l’épreuve, étant rangées suivant l’ordre de leur densité, sont :

Pierre ponce, porcelaine, ocre, glaise, verre, cristal de roche et grès : car je dois observer que, quoique le cristal ne soit porté dans la table des poids de chaque matière que pour 6 gros 22 grains, il doit être supposé d’environ 1 gros, parce qu’il était sensiblement trop petit, et c’est par cette raison que je l’ai exclu de la table générale des rapports, ayant rejeté toutes les expériences que j’ai faites avec ce globe trop petit. Néanmoins le résultat général s’accorde assez avec les autres pour que je puisse le présenter. Voici donc l’ordre dans lequel ces différentes substances se sont refroidies :

Pierre ponce, ocre, porcelaine, glaise, verre, cristal et grès, qui, comme l’on voit, est le même que celui de la densité, car l’ocre ne se trouve ici avant la porcelaine que parce qu’étant une matière friable, il s’est diminué par le frottement qu’il a subi dans les expériences, et d’ailleurs sa densité diffère si peu de la porcelaine, qu’on peut les regarder comme égales.

Ainsi la loi du progrès de la chaleur dans les matières vitrescibles et vitrées est relative à l’ordre de leur densité, et n’a que peu ou point de rapport avec leur fusibilité, par la raison qu’il faut, pour fondre toutes ces substances, un degré presque égal du feu le plus violent, et que les degrés particuliers de leur différente fusibilité sont si près les uns des autres qu’on ne peut pas en faire un ordre composé de termes distincts. Ainsi leur ordre de fusibilité presque égale ne faisant qu’un terme, qui est l’extrême de cet ordre de fusibilité, on ne doit pas être étonné de ce que le progrès de la chaleur suit ici l’ordre de la densité, et que ces différentes substances, qui toutes sont également difficiles à fondre, s’échauffent et se refroidissent plus lentement et plus vite, à proportion de la quantité de matière qu’elles contiennent.

On pourra m’objecter que le verre se fond plus aisément que la glaise, la porcelaine, l’ocre et la pierre ponce, qui néanmoins s’échauffent et se refroidissent en moins de temps que le verre ; mais l’objection tombera lorsqu’on réfléchira qu’il faut, pour fondre le verre, un feu très violent dont le degré est si éloigné des degrés de chaleur que reçoit le verre dans nos expériences sur le refroidissement qu’il ne peut influer sur ceux-ci. D’ailleurs, en pulvérisant la glaise, la porcelaine, l’ocre et la pierre ponce, et leur donnant des fondants analogues, comme l’on en donne au sable pour le convertir en verre, il est plus que probable qu’on ferait fondre toutes ces matières au même degré de feu, et que par conséquent on doit regarder comme égale ou presque égale leur résistance à la fusion, et c’est par cette raison que la loi du progrès de la chaleur dans ces matières se trouve proportionnelle à l’ordre de leur densité.


IV. — Les matières calcaires rangées suivant l’ordre de leur densité, sont :

Craie, pierre tendre, pierre dure, marbre commun, marbre blanc.

L’ordre dans lequel elles s’échauffent et se refroidissent est craie, pierre tendre, pierre dure, marbre commun et marbre blanc, qui, comme l’on voit, est le même que celui de leur densité. La fusibilité n’y entre pour rien, parce qu’il faut d’abord un très grand degré de feu pour les calciner, et que, quoique la calcination en divise les parties, on ne doit en regarder l’effet que comme un premier degré de fusion, et non pas comme une fusion complète ; toute la puissance des meilleurs miroirs ardents suffit à peine pour

    ports, de nouveaux rapports que j’ai placés sous les autres : par exemple, le rapport du fer au zinc de 10 000 à 7 654 n’est pas le vrai rapport, et c’est celui de 10 000 à 6 804 écrit au-dessous qu’il faut adopter ; il en est de même de toutes les autres corrections que j’ai faites d’un neuvième sur chaque nombre, parce que j’ai reconnu que la portion de fer contenue dans ce zinc, avait diminué au moins d’un neuvième le progrès de la chaleur.