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comme l’ont fait quelques minéralogistes, qu’on doive toujours chercher les métaux dans la même direction, par exemple, sur la ligne de onze heures ou sur celle de midi ; car souvent une mine de midi ou de onze heures se trouve coupée par un filon de huit ou neuf heures, etc., qui étend des rameaux sous différentes directions ; et d’ailleurs on voit que, suivant la forme différente de chaque montagne, les fentes perpendiculaires la traversent à la vérité parallèlement entre elles, mais que leur direction, quoique commune dans le même lieu, n’a rien de commun avec la direction des fentes perpendiculaires d’une autre montagne, à moins que cette seconde montagne ne soit parallèle à la première.

Les métaux et la plupart des minéraux métalliques sont donc l’ouvrage du feu, puisqu’on ne les trouve que dans les fentes de la roche vitrescible et que dans ces mines primordiales l’on ne voit jamais ni coquilles ni aucun autre débris de la mer mélangés avec elles : les mines secondaires, qui se trouvent au contraire, et en petite quantité, dans les pierres calcaires, dans les schistes, dans les argiles, ont été formées postérieurement aux dépens des premières, et par l’intermède de l’eau. Les paillettes d’or et d’argent, que quelques rivières charrient, viennent certainement de ces premiers filons métalliques renfermés dans les montagnes supérieures ; des particules métalliques encore plus petites et plus ténues peuvent, en se rassemblant, former de nouvelles petites mines des mêmes métaux ; mais ces mines parasites qui prennent mille formes différentes appartiennent, comme je l’ai dit, à des temps bien modernes en comparaison de celui de la formation des premiers filons qui ont été produits par l’action du feu primitif. L’or et l’argent, qui peuvent demeurer très longtemps en fusion sans être sensiblement altérés, se présentent souvent sous leur forme native : tous les autres métaux ne se présentent communément que sous une forme minéralisée, parce qu’ils ont été formés plus tard par la combinaison de l’air et de l’eau qui sont entrés dans leur composition. Au reste, tous les métaux sont susceptibles d’être volatilisés par le feu à différents degrés de chaleur, en sorte qu’ils se sont sublimés successivement pendant le progrès du refroidissement.

On peut penser que s’il se trouve moins de mines d’or et d’argent dans les terres septentrionales que dans les contrées du Midi, c’est que communément il n’y a dans les terres du Nord que de petites montagnes en comparaison de celles des pays méridionaux : la matière primitive, c’est-à-dire la roche vitreuse, dans laquelle seule se sont formés l’or et l’argent, est bien plus abondante, bien plus élevée, bien plus découverte dans les contrées du Midi. Ces métaux précieux paraissent être le produit immédiat du feu : les gangues et les autres matières qui les accompagnent dans leur mine sont elles-mêmes des matières vitrescibles ; et comme les veines de ces métaux se sont formées soit par la fusion, soit par la sublimation, dans les premiers temps du refroidissement, ils se trouvent en plus grande quantité dans les