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viers, comme l’on en fait avec le marbre ou la pierre : on peut en faire aussi avec les coquilles mêmes, et avec la craie et les tufs, lesquels ne sont encore que des débris ou plutôt des détriments de ces mêmes matières. Les albâtres, et les marbres qu’on doit leur comparer lorsqu’ils contiennent de l’albâtre, peuvent être regardés comme de grandes stalactites, qui se forment aux dépens des autres marbres et des pierres communes : les spaths calcaires se forment de même par l’exsudation ou la stillation dans les matières calcaires, comme le cristal de roche se forme dans les matières vitrescibles. Tout cela peut se prouver par l’inspection de ces matières et par l’examen attentif des monuments de la nature.


Premiers monuments. — On trouve à la surface et à l’intérieur de la terre des coquilles et autres productions de la mer ; et toutes les matières qu’on appelle calcaires sont composées de leurs détriments.


Seconds monuments. — En examinant ces coquilles et autres productions marines que l’on tire de la terre, en France, en Angleterre, en Allemagne et dans le reste de l’Europe, on reconnaît qu’une grande partie des espèces d’animaux auxquels ces dépouilles ont appartenu, ne se trouvent pas dans les mers adjacentes, et que ces espèces, ou ne subsistent plus, ou ne se trouvent que dans les mers méridionales. De même, on voit dans les ardoises et dans d’autres matières, à de grandes profondeurs, des impressions de poissons et de plantes, dont aucune espèce n’appartient à notre climat, et lesquelles n’existent plus, ou ne se trouvent subsistantes que dans les climats méridionaux.


Troisièmes monuments. — On trouve en Sibérie et dans les autres contrées septentrionales de l’Europe et de l’Asie, des squelettes, des défenses, des ossements d’éléphants, d’hippopotames et de rhinocéros, en assez grande quantité pour être assuré que les espèces de ces animaux, qui ne peuvent se propager aujourd’hui que dans les terres du Midi, existaient et se propageaient autrefois dans les terres du Nord, et l’on a observé que ces dépouilles

    moindre. Cependant, les Globigérines et d’autres Foraminifères abondent au-dessus de ces surfaces comme ailleurs, et leurs tests doivent tomber au fond, mais on ne sait pas encore, d’une manière satisfaisante, comment ils disparaissent, ni quelle relation existe entre eux et l’argile rouge. On a émis l’opinion que les coquilles sont dissoutes et que l’argile rouge représente simplement le résidu insoluble qui persiste après que la partie calcaire du squelette a disparu. Dans ce cas, l’argile rouge, de même que l’ooze à Globigérines, la vase siliceuse et le sable vert seraient des produits indirects de l’action de la vie.

    » Les agents métamorphiques, agissant ensuite sur l’argile, peuvent la transformer en schiste, et tous les minéraux fondamentaux qui entrent dans la composition des roches peuvent ainsi avoir été produits par des organismes vivants, quoiqu’on ne puisse, dans leur état ultime, y découvrir aucune trace de ces derniers. »