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relation comme très suspecte, nous ne la rejetterons pas en entier, et nous avons cru devoir présenter ici ces reconnaissances d’après la carte de M. de l’Isle, sans prétendre les garantir ; mais en réunissant la probabilité de ces découvertes de de Fonte avec celles de d’Aguilar et de Juan de Fuca, il en résulte que la côte occidentale de l’Amérique septentrionale au-dessus du cap Blanc est ouverte par plusieurs détroits ou bras de mer, depuis le 43e degré jusqu’au 54e ou 55e, et que c’est dans cet intervalle où il est presque certain que M. Cook trouvera la communication avec la baie d’Hudson, et cette découverte achèverait de le combler de gloire.

Ma présomption à ce sujet est non seulement fondée sur les reconnaissances faites par d’Aguilar, Juan de Fuca et de Fonte, mais encore sur une analogie physique qui ne se dément dans aucune partie du globe : c’est que toutes les grandes côtes des continents sont, pour ainsi dire, hachées et entamées du midi au nord, et qu’ils finissent tous en pointe vers le midi. La côte nord-ouest de l’Amérique présente une de ces hachures, et c’est la mer Vermeille ; mais, au-dessus de la Californie, nos cartes ne nous offrent sur une étendue de quatre cents lieues qu’une terre continue, sans rivières et sans autres coupures que les trois ouvertures reconnues par d’Aguilar, Fuca et de Fonte ; or, cette continuité des côtes, sans anfractuosités ni baies ni rivières, est contraire à la nature ; et cela seul suffit pour démontrer que ces côtes n’ont été tracées qu’au hasard sur toutes nos cartes, sans avoir été reconnues, et que, quand elles le seront, on y trouvera plusieurs golfes et bras de mer par lesquels on arrivera à la baie d’Hudson, ou dans les mers intérieures qui la précèdent du côte de l’ouest.