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que les mineurs descendent, ils rencontrent une température d’air toujours plus chaude. » Mémoire sur la génération des métaux. Académie de Berlin, année 1733.


(2) Page 6, ligne 11. La température de l’eau de la mer est à peu près égale à celle de l’intérieur de la terre à la même profondeur. « Ayant plongé un thermomètre dans la mer en différents lieux et en différents temps, il s’est trouvé que la température à 10, 20, 30 et 120 brasses, était également de 10 degrés ou 10 3/4 degrés. » Voyez l’Histoire physique de la mer, par Marsigli, page 16… M. de Mairan fait à ce sujet une remarque très judicieuse : « C’est que les eaux les plus chaudes, qui sont à la plus grande profondeur, doivent, comme plus légères, monter continuellement au-dessus de celles qui le sont le moins, ce qui donnera à cette grande couche liquide du globe terrestre une température à peu près égale, conformément aux observations de Marsigli, excepté vers la superficie actuellement exposée aux impressions de l’air, et où l’eau se gèle quelquefois avant que d’avoir eu le temps de descendre par son poids et son refroidissement. » Dissertation sur la glace, page 69.


(3) Page 6, ligne 14. La lumière du soleil ne pénètre tout au plus qu’à 600 pieds de profondeur dans l’eau de la mer. Feu M. Bouguer, savant astronome, de l’Académie royale des sciences, a observé qu’avec seize morceaux de verre ordinaire dont on fait les vitres, appliqués les uns contre les autres, et faisant en tout une épaisseur de 9 1/2 lignes, la lumière, passant au travers de ces seize morceaux de verre, diminuait deux cent quarante-sept fois, c’est-à-dire qu’elle était deux cent quarante-sept fois plus faible qu’avant d’avoir traversé ces seize morceaux de verre ; ensuite il a placé soixante-quatorze morceaux de ce même verre à quelque distance les uns des autres dans un tuyau, pour diminuer la lumière du soleil, jusqu’à extinction : cet astre était à 50 degrés de hauteur sur l’horizon lorsqu’il fit cette expérience ; et les soixante-quatorze morceaux de verre ne l’empêchaient pas de voir encore quelque apparence de son disque. Plusieurs personnes qui étaient avec lui voyaient aussi une faible lueur, qu’ils ne distinguaient qu’avec peine, et qui s’évanouissait aussitôt que leurs yeux n’étaient pas tout à fait dans l’obscurité : mais lorsqu’on eut ajouté trois morceaux de verre aux soixante-quatorze premiers, aucun des assistants ne vit plus la moindre lumière ; en sorte qu’en supposant quatre-vingts morceaux de ce même verre, on a l’épaisseur de verre nécessaire pour qu’il n’y ait plus aucune transparence par rapport aux vues même les plus délicates ; et M. Bouguer trouve, par un calcul assez facile, que la lumière du soleil est alors rendue 900 milliards de fois plus faible : aussi toute matière transparente qui, par sa grande épaisseur, fera diminuer la lumière du soleil 900 milliards de fois, perdra dès lors toute sa transparence.

En appliquant cette règle à l’eau de la mer, qui de toutes les eaux est la plus limpide, M. Bouguer a trouvé que, pour perdre toute sa transparence, il faut 256 pieds d’épaisseur, attendu que, par une autre expérience, la lumière d’un flambeau avait diminué dans le rapport de 14 à 5, en traversant 115 pouces d’épaisseur d’eau de mer contenue dans un canal de 9 pieds 7 pouces de longueur, et que, par un calcul qu’on ne peut contester, elle doit perdre toute transparence à 256 pieds. Ainsi, selon M. Bouguer, il ne doit passer aucune lumière sensible au delà de 256 pieds dans la profondeur de l’eau. Essai d’optique sur la gradation de la lumière. Paris, 1729, page 85, in-12.

Cependant, il me semble que ce résultat de M. Bouguer s’éloigne encore beaucoup de la réalité ; il serait à désirer qu’il eût fait ses expériences avec des masses de verre de différente épaisseur, et non pas avec des morceaux de verre mis les uns sur les autres ; je suis persuadé que la lumière du soleil aurait percé une plus grande épaisseur que celle de ces quatre-vingts morceaux, qui, tous ensemble, ne formaient que 47 lignes, c’est-