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NOTES JUSTIFICATIVES
DES FAITS RAPPORTÉS
DANS LES ÉPOQUES DE LA NATURE



SUR LE PREMIER DISCOURS.

(1) Page 25, ligne 5. La chaleur propre et intérieure de la terre paraît augmenter à mesure que l’on descend[NdÉ 1].

« Il ne faut pas creuser bien avant pour trouver d’abord une chaleur constante et qui ne varie plus, quelle que soit la température de l’air à la surface de la terre. On sait que la liqueur du thermomètre se soutient toujours sensiblement pendant toute l’année à la même hauteur dans les caves de l’Observatoire, qui n’ont pourtant que 84 pieds ou 14 toises de profondeur depuis le rez-de-chaussée. C’est pourquoi l’on fixe à ce point la hauteur moyenne ou tempérée de notre climat. Cette chaleur se soutient

  1. « Des observations ont été faites, non seulement sur la température de l’air dans les mines, mais aussi sur celle des roches et de l’eau qui en sort. Le taux moyen de l’augmentation, calculé d’après les expériences les plus exactes que l’on ait faites dans deux puits de mines situés, l’un aux environs de Durham, et l’autre près de Manchester, ayant chacun une profondeur de 600 mètres, est de 1° centrigrade pour une profondeur de 35 à 38 mètres, évaluation bien moins considérable que celle que l’on avait d’abord trouvée dans les houillères des mêmes districts. Cette quantité s’accorde, toutefois, à très peu de chose près, avec celle qu’avaient fourni des observations antérieures faites dans plusieurs des principales mines de plomb et de cuivre de la Saxe, et qui était de 1° centrigrade par 35 mètres. Pour ces expériences, on avait logé la boule du thermomètre dans des cavités préalablement creusées dans la roche solide, à des profondeurs variant entre 60 et 270 mètres ; mais dans d’autres mines de la même contrée, on fut obligé de descendre trois fois aussi bas pour chaque degré de température. Un thermomètre fut placé par M. Fox dans la roche de la mine de Dolcoath (Cornouailles), à l’énorme profondeur de 421 mètres ; il fut fréquemment observé pendant dix-huit mois, et il accusait en moyenne une température de 200 centigrades, celle de la surface étant de 10°, ce qui donne 1° centigrade environ pour chaque 22 mètres de profondeur. Kupffer, après avoir comparé un grand nombre de résultats obtenus dans différentes contrées, croit pouvoir établir que l’augmentation de la chaleur est d’environ 1° centigrade par 20 mètres. M. Cordier annonce, comme résultat de ses expériences et de ses observations sur la température de l’intérieur de la terre, que la chaleur augmente rapidement avec la profondeur ; mais que l’accroissement ne suit pas la même loi par toute la terre, qu’il peut être double ou triple d’un pays à un autre, sans que ces différences soient en rapport constant ni avec les latitudes ni avec les longitudes des lieux. Il pense, toutefois, que l’augmentation de chaleur peut être fixée sans exagération à 1° centigrade par 25 mètres de profondeur. Le puits artésien qu’on a foré à l’abattoir de Grenelle, à Paris, donnait 1° centigrade d’accroissement de température par 31 mètres, lorsqu’il eut atteint une profondeur de 540 mètres. À Naples, suivant M. Mallet, l’eau du puits artésien qui se