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des montagnes le sont au-dessus du niveau du reste de la terre, cette seule différence d’élévation doit produire un effet proportionnellement beaucoup plus grand que la dépression du terrain du Sénégal, qu’on ne peut pas supposer plus grande que celle du niveau de la mer ; car si les plaines de Sibérie sont seulement élevées de quatre ou cinq cents toises au-dessus du niveau d’Upsal ou de Pétersbourg, on doit cesser d’être étonné que l’excès du froid y soit si grand, puisque la chaleur qui émane de la terre décroissant à chaque point comme l’espace augmente, cette seule cause de l’élévation du terrain suffit pour expliquer cette grande différence du froid sous la même latitude.

Il ne reste sur cela qu’une question assez intéressante. Les hommes, les animaux et les plantes peuvent supporter pendant quelque temps la rigueur de ce froid extrême, qui est de 60 degrés au-dessous de la congélation : pourraient-ils également supporter une chaleur qui serait de 60 degrés au-dessus ? Oui, si l’on pouvait se précautionner et se mettre à l’abri contre le chaud, comme on sait le faire contre le froid ; si d’ailleurs cette chaleur excessive ne durait, comme le froid excessif, que pendant un petit temps, et si l’air pouvait pendant le reste de l’année rafraîchir la terre de la même manière que les émanations de la chaleur du globe réchauffent l’air dans les pays froids : on connaît des plantes, des insectes et des poissons qui croissent et vivent dans des eaux thermales, dont la chaleur est de 45, 50, et jusqu’à 60 degrés ; il y a donc des espèces dans la nature vivante qui peuvent supporter ce degré de chaleur, et comme les nègres sont dans le genre humain ceux que la grande chaleur incommode le moins, ne devrait-on pas en conclure avec assez de vraisemblance, que, dans notre hypothèse, leur race pourrait être plus ancienne que celle des hommes blancs ?







FIN DU TOME PREMIER.