surface que Jupiter présente à ce satellite était égale à la surface que lui présente le soleil ; mais la surface de Jupiter, qui n’est dans le réel que 12111449 de celle du soleil, paraît néanmoins à ce satellite plus grande que ne lui paraît celle de cet astre dans le rapport inverse du carré des distances. On aura donc (89 292)² : (171 000 000)² : : 12111449 : 39 032 12 environ. Donc, la surface que présente Jupiter à ce satellite étant 39 032 fois 12 plus grande que celle que lui présente le soleil, cette grosse planète, dans le temps de l’incandescence, était pour son premier satellite un astre de feu 39 032 fois 12 plus grand que le soleil. Mais nous avons vu que la compensation faite par la chaleur du soleil à la perte de la chaleur propre de ce satellite n’était que 2567650, lorsqu’au bout de 5 897 ans il se serait refroidi à la température actuelle de la terre par la déperdition de sa chaleur propre ; et que, dans le temps de l’incandescence, cette compensation, par la chaleur du soleil, n’a été que de 256761250 ; il faut donc multiplier ces deux termes de compensation par 39 032 12, et l’on aura 1443 121250 pour la compensation qu’a faite la chaleur de Jupiter dès le commencement de cette période dans le temps de l’incandescence, et 1443 1250 pour la compensation que Jupiter aurait faite à la fin de cette même période de 5 897 ans, s’il eût conservé son état d’incandescence. Mais comme sa chaleur propre a diminué de 25 à 24 923 pendant cette même période, la compensation à la fin de la période, au lieu d’être 1443 1250, n’a été que 1408 20357850. Ajoutant ces deux termes 1408 20356550 et 1443 121250 de la compensation dans le premier et le dernier temps de la période, on a 36652 3191250, lesquels, multipliés par 12 12, moitié de la somme de tous les termes, donnent 458153 341250 ou 366 12 environ, pour la compensation totale qu’a faite la chaleur de Jupiter à la perte de la chaleur propre de son premier satellite pendant cette première période de 5 897 ans. Et comme la perte totale de la chaleur propre est à la compensation totale en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroidissement, on aura 25 : 366 12 : : 5 897 : 86 450 ans 150. Ainsi, le temps dont la chaleur envoyée par Jupiter à son premier satellite a prolongé son refroidissement pendant cette première période est de 86 450 ans 150, et le temps dont la chaleur du soleil a aussi prolongé le refroidissement de ce satellite, pendant cette même période de 5 897 ans, n’ayant été que de deux ans quatre-vingt-dix-sept jours, il se trouve que le temps du refroidissement de ce satellite a été prolongé d’environ 86 452 ans 12 au delà des 5 897 ans de la période ; d’où l’on voit que ce ne sera que dans l’année 92 350 de la formation des planètes, c’est-à-dire dans 17 618 ans, que le premier satellite de Jupiter pourra être refroidi au point de la température actuelle de la terre.
Le moment où la chaleur envoyée par Jupiter à ce satellite était égale à sa chaleur propre, s’est trouvé dans le temps de l’incandescence, et même auparavant, si la chose eût été possible ; car cette masse énorme de feu, qui était 39 032 fois 12 plus grande que le soleil pour ce satellite, lui envoyait, dès le temps de l’incandescence de tous deux, une chaleur plus forte que la sienne propre, puisqu’elle était 1 443 12, tandis que celle du satellite n’était que 1 250. Ainsi ç’a été de tout temps que la chaleur de Jupiter, sur son premier satellite, a surpassé la perte de sa chaleur propre.
Dès lors on voit que la chaleur propre de ce satellite, ayant toujours été fort au-dessous de la chaleur envoyée par Jupiter, on doit évaluer autrement la température du satellite ; en sorte que l’estimation que nous venons de faire du prolongement du refroidissement, et que nous avons trouvée être de 86 452 ans 12, doit être encore augmentée de beaucoup, car dès le temps de l’incandescence, la chaleur extérieure envoyée par Jupiter était plus