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Ajoutant ces deux termes aux 148 094 ans des deux périodes, on voit que ce ne sera que dans l’année 168 123 de la formation des planètes, c’est-à-dire dans 93 291 ans que la terre sera refroidie au point de 1/25 de la température actuelle, tandis que la lune l’a été dans l’année 72 514, c’est-à-dire il y a 2 318 ans, et l’aurait été bien plus tôt si elle ne tirait, comme la terre, des secours de chaleur que du soleil, et si celle que lui a envoyée la terre n’avait pas retardé son refroidissement beaucoup plus que celle du soleil.

Recherchons maintenant quelle a été la compensation qu’a faite la chaleur du soleil à la perte de la chaleur propre des cinq autres planètes.

Nous avons vu que Mercure, dont le diamètre n’est que 1/3 de celui du globe terrestre, se serait refroidi au point de notre température actuelle en 50 351 ans, dans la supposition que la terre se fût refroidie à ce même point en 74 047 ans ; mais comme elle ne s’est réellement refroidie à ce point qu’en 74 832 ans, Mercure n’a pu se refroidir de même qu’en 50 884 ans 5/7 environ, et cela en supposant encore que rien n’eût compensé la perte de sa chaleur propre : mais sa distance au soleil étant à celle de la terre au même astre : : 4 : 10, il s’ensuit que la chaleur qu’il reçoit du soleil, en comparaison de celle que reçoit la terre, est : : 100 : 16, ou : : 6 1/4 : 1. Dès lors la compensation qu’a faite la chaleur du soleil lorsque cette planète était à la température actuelle de la terre, au lieu de n’être que 1/50, était 6 1/4/50, et dans le temps de son incandescence, c’est-à-dire 50 884 ans 5/7 auparavant, cette compensation n’était que 6 1/4/1250. Ajoutant ces deux termes de compensation 6 1/4/50 et 6 1/4/1250 du premier et du dernier temps de cette période, on aura 162 1/2/1250, qui étant multipliés par 12 1/2, moitié de la somme de tous les termes, donnent 2031 1/4/1250 ou 1 781 1/4/1250 pour la compensation totale qu’a faite la chaleur du soleil pendant cette première période de 50 884 ans 5/7. Et comme la perte de la chaleur propre est à la compensation en même raison que le temps de la période est au prolongement du refroidissement, on aura 25 : 1 781 1/4/1250 : : 50 884 5/7 : 3 307 ans 1/2 environ. Ainsi le temps dont la chaleur du soleil a prolongé le refroidissement de Mercure, a été de 3 307 ans 1/2 pour la première période de 50 884 ans 5/7. D’où l’on voit que ç’a été dans l’année 54 192 de la formation des planètes, c’est-à-dire il y a 20 640 ans que Mercure jouissait de la même température dont jouit aujourd’hui la terre.

Mais dans la seconde période, la compensation étant au commencement 6 1/4/50, et à la fin 156 1/4/50, on aura, en ajoutant ces temps, 162 1/2/50, qui étant multipliés par 12 1/2, moitié de la somme de tous les termes, donnent 2031 1/4/50 ou 40 5/8 pour la compensation totale par la chaleur du soleil dans cette seconde période. Et comme la perte de la chaleur propre est à la compensation en même raison que le temps de la période est à celui du prolongement du refroidissement, on aura 25 : 40 5/8 : : 50 884 5/7 : 82 688 ans environ. Ainsi le temps dont la chaleur du soleil a prolongé et prolongera celui du refroidissement de Mercure, ayant été de 3 307 ans 1/2 dans la première période, sera pour la seconde de 82 688 ans.

Le moment où la chaleur du soleil s’est trouvée égale à la chaleur propre de cette planète, est au huitième terme de cette seconde période, qui multiplié par 2 035 2/51 environ, nombre des années de chaque terme de cette période, donne 16 283 ans environ, lesquels étant ajoutés aux 50 884 ans 5/7 de la période, on voit que ça été dans l’année 67 167 de la formation des planètes que la chaleur du soleil a commencé de surpasser la chaleur propre de Mercure.