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» La montagne du Puy-de-Dôme n’est qu’une masse de matière qui annonce les effets les plus terribles du feu le plus violent… ; dans les endroits qui ne sont point couverts de plantes et d’arbres, on ne marche que parmi des pierres ponces, sur des quartiers de laves, et dans une espèce de gravier ou de sable, formé par une sorte de mâchefer, et par de très petites pierres ponces mêlées de cendres…

» Ces montagnes présentent plusieurs pics, qui ont tous une cavité moins large au fond qu’à l’ouverture… : un de ces pics, le chemin qui y conduit et tout l’espace qui se trouve de là jusqu’au Puy-de-Dôme, ne sont qu’un amas de pierres ponces ; et il en est de même pour ce qui est des autres pics, qui sont au nombre de quinze ou seize, placés sur la même ligne du sud au nord, et qui ont tous des entonnoirs…

» Le sommet du pic du mont d’Or est un rocher d’une pierre d’un blanc cendré tendre, semblable à celle du sommet des montagnes de cette terre volcanisée ; elle est seulement un peu moins légère que celle du Puy-de-Dôme. Si je n’ai pas trouvé sur cette montagne des vestiges de volcan en aussi grande quantité qu’aux deux autres, cela vient en grande partie de ce que le mont d’Or est plus couvert, dans toute son étendue, de plantes et de bois que la montagne de Volvic et le Puy-de-Dôme… ; cependant la partie sud-ouest est presque entièrement découverte et n’est remplie que de pierres et de rochers qui me paraissent avoir été exempts des effets du feu…

» Mais la pointe du mont d’Or est un cône pareil à ceux de Volvic et du Puy-de-Dôme : à l’est de cette pointe est le pic du Capucin, qui affecte également la figure conique, mais la sienne n’est pas aussi régulière que celle des précédents ; il semble même que ce pic ait plus souffert dans sa composition ; tout y paraît plus irrégulier, plus rompu, plus brisé… Il y a encore plusieurs pics, dont la base est appuyée sur le dos de la montagne ; ils sont tous dominés par le mont d’Or, dont la hauteur est de 509 toises… ; le pic du mont d’Or est très raide ; il finit en une pointe de 15 ou 20 pieds de large en tout sens…

» Plusieurs montagnes entre Thiers et Saint-Chaumont ont une figure conique, ce qui me fit penser, dit M. Guettard, qu’elles pouvaient avoir brûlé. Quoique je n’aie pas été à Pontgibault, j’ai des preuves que les montagnes de ce canton sont des volcans éteints ; j’en ai reçu des morceaux de laves qu’il était facile de reconnaître pour tels par les points jaunes et noirâtres d’une matière vitrifiée, qui est le caractère le plus certain d’une pierre de volcan[1]. »

Le même M. Guettard et M. Faujas ont trouvé sur la rive gauche du Rhône, et assez avant dans le pays, de très gros fragments de basaltes en colonnes… En remontant dans le Vivarais, ils ont trouvé, dans un torrent, un amas prodigieux de matières de volcan, qu’ils ont suivi jusqu’à sa source : il ne leur a pas été difficile de reconnaître le volcan ; c’est une montagne fort élevée, sur le sommet de laquelle ils ont trouvé la bouche, d’environ 80 pieds de diamètre ; la lave est partie visiblement du dessous de cette bouche ; elle a coulé en grandes masses par les ravins l’espace de sept ou huit mille toises, la matière s’est amoncelée toute brûlante en certains endroits : venant ensuite à s’y figer, elle s’est gercée et fendue dans toute sa hauteur, et a laissé toute la plaine couverte d’une quantité innombrable de colonnes, depuis 15 jusqu’à 30 pieds de hauteur, sur environ 7 pouces de diamètre[2].

« Ayant été me promener à Montferrier, dit M. Montet, village éloigné de Montpellier d’une lieue…, je trouvai quantité de pierres noires détachées les unes des autres, de différentes figures et grosseurs… ; et, les ayant comparées avec d’autres qui sont cer-

  1. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1752, p. 27 jusqu’à 58.
  2. Journal de physique, par M. l’abbé Rozier. Mois de décembre 1775, p. 516.