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a 2 471 092 3/4 lieues carrées, et 2 469 687 lieues carrées dans la partie qui est à droite de la même ligne, et que par conséquent l’ancien continent contient en tout environ 4 940 780 lieues carrées, ce qui ne fait pas une cinquième partie de la surface entière du globe.

Et de même, la partie à gauche de la ligne de partage dans le nouveau continent contient 1 069 286 5/6 lieues carrées, et celle qui est à droite de la même ligne en contient 1 070 926 1/12, en tout 2 140 213 lieues environ : ce qui ne fait pas la moitié de la surface de l’ancien continent. Et les deux continents ensemble ne contenant que 7 080 993 lieues carrées, leur superficie ne fait pas à beaucoup près le tiers de la surface totale du globe, qui est environ de 26 millions de lieues carrées.

3o J’aurais dû donner la petite différence d’inclinaison qui se trouve entre les deux lignes qui partagent les deux continents ; je me suis contenté de dire qu’elles étaient l’une et l’autre inclinées à l’équateur d’environ 30 degrés et en sens opposés : ceci n’est en effet qu’un environ, celle de l’ancien continent l’étant d’un peu plus de 30 degrés, et celle du nouveau l’étant un peu moins. Si je me fusse expliqué comme je viens de le faire, j’aurais évité l’imputation qu’on m’a faite d’avoir tiré deux lignes d’inégale longueur sous le même angle entre deux parallèles ; ce qui prouverait, comme l’a dit un critique anonyme[1], que je ne sais pas les éléments de la géométrie.

4o J’ai négligé de distinguer la Haute et la Basse-Égypte ; en sorte que dans les pages 108 et 109, il y a une apparence de contradiction : il semble que dans le premier de ces endroits l’Égypte soit mise au rang des terres les plus anciennes, tandis que dans le second je la mets au rang des plus nouvelles. J’ai eu tort de n’avoir pas, dans ce passage, distingué, comme je l’ai fait ailleurs, la Haute-Égypte, qui est en effet une terre très ancienne, de la Basse-Égypte, qui est au contraire une terre très nouvelle.


II. — Sur la forme des continents.

Voici ce que dit sur la figure des continents l’ingénieux auteur de l’Histoire philosophique et politique des deux Indes :

« On croit être sûr aujourd’hui que le nouveau continent n’a pas la moitié de la surface du nôtre ; leur figure, d’ailleurs, offre des ressemblances singulières. Ils paraissent former comme deux bandes de terre qui partent du pôle arctique, et vont se terminer au midi, séparées à l’est et à l’ouest par l’océan qui les environne. Quels que soient et la structure de ces deux bandes, et le balancement ou la symétrie qui règne dans leur figure, on voit bien que leur équilibre ne dépend pas de leur position : c’est l’inconstance de la mer qui fait la solidité de la terre. Pour fixer le globe sur sa base, il fallait, ce me semble, un élément qui, flottant sans cesse autour de notre planète, pût contre-balancer par sa pesanteur toutes les autres substances, et par sa fluidité ramener cet équilibre que le combat et le choc des autres éléments auraient pu renverser. L’eau, par la mobilité de sa nature et par sa gravité tout ensemble, est infiniment propre à entretenir cette harmonie et ce balancement des parties du globe autour de son centre…

» Si les eaux qui baignent encore les entrailles du nouvel hémisphère n’en avaient pas inondé la surface, l’homme y aurait de bonne heure coupé les bois, desséché les marais, consolidé un sol pâteux…, ouvert une issue aux vents et donné des digues aux fleuves ; le climat y eût déjà changé. Mais un hémisphère en friche et dépeuplé ne peut annoncer qu’un monde récent, lorsque la mer voisine de ces côtes serpente encore sourdement dans ses veines[2]. »

Nous observons à ce sujet que, quoiqu’il y ait plus d’eau sur la surface de l’Amérique

  1. Lettres à un Américain.
  2. Histoire politique et philosophique. Amsterdam, 1772, t. VI, p. 282 et suiv.