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Panama, ce qui rend le voyage de Lima à Panama beaucoup plus aisé à faire et plus court que le retour. Les vents d’occident soufflent presque continuellement, ou du moins très fréquemment, sur les côtes de la terre Magellanique, aux environs du détroit de Le Maire ; sur la côte de Malabar, les vents de nord et de nord-ouest règnent presque continuellement ; sur la côte de Guinée, le vent de nord-ouest est aussi fort fréquent, et à une certaine distance de cette côte en pleine mer on retrouve le vent de nord-est ; les vents d’occident régnent sur les côtes du Japon aux mois de novembre et de décembre. »

Les vents alternatifs ou périodiques dont nous venons de parler sont des vents de mer ; mais il y a aussi des vents de terre qui sont périodiques et qui reviennent, ou dans une certaine saison, où à de certains jours, ou même à de certaines heures ; par exemple, sur la côte de Malabar, depuis le mois de septembre jusqu’au mois d’avril, il souffle un vent de terre qui vient du côté de l’orient ; ce vent commence ordinairement à minuit et finit à midi, et il n’est plus sensible dès qu’on s’éloigne à 12 ou 15 lieues de la côte, et depuis midi jusqu’à minuit il règne un vent de mer qui est fort faible et qui vient de l’occident : sur la côte de la Nouvelle-Espagne en Amérique, et sur celle du Congo en Afrique, il règne des vents de terre pendant la nuit et des vents de mer pendant le jour ; à la Jamaïque, les vents soufflent de tous côtés à la fois pendant la nuit, et les vaisseaux ne peuvent alors y arriver sûrement, ni en sortir avant le jour.

En hiver, le port de Cochin est inabordable, et il ne peut en sortir aucun vaisseau, parce que les vents y soufflent avec une telle impétuosité, que les bâtiments ne peuvent pas tenir à la mer, et que d’ailleurs le vent d’ouest, qui y souffle avec fureur, amène à l’embouchure du fleuve de Cochin une si grande quantité de sable, qu’il est impossible aux navires, et même aux barques, d’y entrer pendant six mois de l’année ; mais les vents d’est qui soufflent pendant les six autres mois repoussent ces sables dans la mer et rendent libre l’entrée de la rivière. Au détroit de Babel-Mandel, il y a des vents du sud-est qui y règnent tous les ans dans la même saison, et qui sont toujours suivis de vents de nord-ouest. À Saint-Domingue, il y a deux vents différents qui s’élèvent régulièrement presque chaque jour : l’un, qui est un vent de mer, vient du côté de l’orient et il commence à 10 heures du matin ; l’autre, qui est un vent de terre et qui vient de l’occident, s’élève à six ou sept heures du soir et dure toute la nuit. Il y aurait plusieurs autres faits de cette espèce à tirer des voyageurs, dont la connaissance pourrait peut-être nous conduire à donner une histoire des vents, qui serait un ouvrage très utile pour la navigation et pour la physique.





ARTICLE XV

DES VENTS IRRÉGULIERS, DES OURAGANS, DES TROMBES,
ET DE QUELQUES AUTRES PHÉNOMÈNES CAUSÉS PAR L’AGITATION DE LA MER ET DE L’AIR



Les vents sont plus irréguliers sur terre que sur mer, et plus irréguliers dans les pays élevés que dans les pays de plaines. Les montagnes, non seulement changent la direction des vents, mais même elles en produisent qui sont ou constants ou variables suivant les différentes causes : la fonte des neiges qui sont au-dessus des montagnes produit ordinairement des vents constants qui durent quelquefois assez longtemps ; les vapeurs qui s’arrêtent contre les montagnes et qui s’y accumulent produisent des vents variables qui sont très fréquents dans tous les climats, et il y a autant de variations dans ces mouvements