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tude sud. Dans la mer qui sépare l’Afrique de l’Amérique, il y a un intervalle qui est depuis le 4e degré de latitude nord jusqu’au 10e ou 11e degré de latitude nord, où ce vent général n’est pas sensible ; mais au delà de ce 10e ou 11e degré, ce vent règne et s’étend jusqu’au 11e degré.

Il y a aussi beaucoup d’exceptions à faire au sujet des vents moussons dont le mouvement est alternatif : les uns durent plus ou moins longtemps, les autres s’étendent à de plus grandes ou à de moindres distances, les autres sont plus ou moins réguliers, plus ou moins violents. Nous rapporterons ici, d’après Varénius, les principaux phénomènes de ces vents. « Dans l’Océan Indien, entre l’Afrique et l’Inde jusqu’aux Moluques, les vents d’est commencent à régner au mois de janvier, et durent jusqu’au commencement de juin ; au mois d’août ou de septembre commence le mouvement contraire, et les vents d’ouest règnent pendant trois ou quatre mois ; dans l’intervalle de ces moussons, c’est-à-dire à la fin de juin, au mois de juillet ou au commencement d’août, il n’y a sur cette mer aucun vent fait, et on éprouve de violentes tempêtes qui viennent du septentrion.

» Ces vents sont sujets à de plus grandes variations en approchant des terres, car les vaisseaux ne peuvent partir de la côte de Malabar, non plus que des autres ports de la côte occidentale de la presqu’île de l’Inde, pour aller en Afrique, en Arabie, en Perse, etc., que depuis le mois de janvier jusqu’au mois d’avril ou de mai ; car dès la fin de mai et pendant les mois de juin, de juillet et d’août, il se fait de si violentes tempêtes par les vents de nord ou de nord-est, que les vaisseaux ne peuvent tenir à la mer ; au contraire, de l’autre côté de cette presqu’île, c’est-à-dire, sur la mer qui baigne la côte de Coromandel, on ne connaît point ces tempêtes.

» On part de Java, de Ceylan et de plusieurs endroits au mois de septembre pour aller aux îles Moluques, parce que le vent d’occident commence alors à souffler dans ces parages ; cependant lorsqu’on s’éloigne de l’équateur à 15 degrés de latitude australe, on perd ce vent d’ouest et on retrouve le vent général, qui est dans cet endroit un vent de sud-est. On part de même de Cochin, pour aller à Malaca, au mois de mars, parce que les vents d’ouest commencent à souffler dans ce temps : ainsi ces vents d’occident se font sentir en différents temps dans la mer des Indes ; on part, comme l’on voit, dans un temps pour aller de Java aux Moluques, dans un autre temps pour aller de Cochin à Malaca, dans un autre pour aller de Malaca à la Chine, et encore dans un autre pour aller de la Chine au Japon.

» À Banda, les vents d’occident finissent à la fin de mars, il règne des vents variables et des calmes pendant le mois d’avril, au mois de mai les vents d’orient recommencent avec une grande violence ; à Ceylan, les vents d’occident commencent vers le milieu du mois de mars et durent jusqu’au commencement d’octobre que reviennent les vents d’est, ou plutôt d’est-nord-est ; à Madagascar, depuis le milieu d’avril jusqu’à la fin de mai, on a des vents de nord et de nord-ouest, mais aux mois de février et de mars, ce sont des vents d’orient et de midi ; de Madagascar au cap de Bonne-Espérance, le vent du nord et les vents collatéraux soufflent pendant les mois de mars et d’avril ; dans le golfe de Bengale, le vent de midi se fait sentir avec violence après le 20 d’avril, auparavant il règne dans cette mer des vents de sud-ouest ou de nord-ouest ; les vents d’ouest sont aussi très violents dans la mer de la Chine pendant les mois de juin et de juillet, c’est aussi la saison la plus convenable pour aller de la Chine au Japon ; mais, pour revenir du Japon à la Chine, ce sont les mois de février et de mars qu’on préfère, parce que les vents d’est ou de nord-est règnent alors dans cette mer.

» Il y a des vents qu’on peut regarder comme particuliers à de certaines côtes : par exemple, le vent du sud est presque continuel sur les côtes du Chili et du Pérou ; il commence au 46e degré ou environ de latitude sud, et il s’étend jusqu’au delà de