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ment par différentes causes dans différents climats : dans la partie de la mer Atlantique, qui est sous la zone tempérée, le vent du nord souffle presque constamment pendant les mois d’octobre, novembre, décembre et janvier ; c’est pour cela que ces mois sont les plus favorables pour s’embarquer lorsqu’on veut aller de l’Europe aux Indes, afin de passer la ligne à la faveur de ces vents, et l’on sait par expérience que les vaisseaux qui partent au mois de mars d’Europe n’arrivent quelquefois pas plus tôt au Brésil que ceux qui partent au mois d’octobre suivant. Le vent de nord règne presque continuellement pendant l’hiver dans la Nouvelle-Zemble et dans les autres côtes septentrionales : le vent de midi souffle pendant le mois de juillet au cap Vert, c’est alors le temps des pluies, ou l’hiver de ces climats ; au cap de Bonne-Espérance le vent de nord-ouest souffle pendant le mois de septembre ; à Patna dans l’Inde, ce même vent de nord-ouest souffle pendant les mois de novembre, décembre et janvier, et il produit de grandes pluies ; mais les vents d’est soufflent pendant les neuf autres mois. Dans l’Océan Indien, entre l’Afrique et l’Inde, et jusqu’aux îles Moluques, les vents moussons règnent d’orient en occident depuis janvier jusqu’au commencement de juin, et les vents d’occident commencent aux mois d’août et de septembre, et pendant l’intervalle de juin et de juillet il y a de très grandes tempêtes, ordinairement par des vents de nord ; mais sur les côtes ces vents varient davantage qu’en pleine mer.

Dans le royaume de Guzarate et sur les côtes de la mer voisine, les vents de nord soufflent depuis le mois de mars jusqu’au mois de septembre, et pendant les autres mois de l’année il règne presque toujours des vents de midi. Les Hollandais, pour revenir de Java, partent ordinairement au mois de janvier et de février par un vent d’est qui se fait sentir jusqu’à 18 degrés de latitude australe, et ensuite ils trouvent des vents de midi qui les portent jusqu’à Sainte-Hélène. (Voyez Varen., Geogr. gener., cap. xx.)

Il y a des vents réglés qui sont produits par la fonte des neiges ; les anciens Grecs les ont observés. Pendant l’été les vents de nord-ouest, et pendant l’hiver ceux de sud-est se font sentir en Grèce, dans la Thrace, dans la Macédoine, dans la mer Égée et jusqu’en Égypte et en Afrique ; on remarque des vents de même espèce dans le Congo, à Guzarate, à l’extrémité de l’Afrique, qui sont tous produits par la fonte des neiges. Le flux et le reflux de la mer produisent aussi des vents réglés qui ne durent que quelques heures ; et dans plusieurs endroits on remarque des vents qui viennent de terre pendant la nuit et de la mer pendant le jour, comme sur les côtes de la Nouvelle-Espagne, sur celles de Congo, à la Havane, etc.

Les vents de nord sont assez réglés dans les climats des cercles polaires ; mais plus on approche de l’équateur, plus ces vents de nord sont faibles, ce qui est commun aux deux pôles.

Dans l’Océan Atlantique et Éthiopique, il y a un vent d’est général entre les tropiques, qui dure toute l’année sans aucune variation considérable, à l’exception de quelques petits endroits où il change suivant les circonstances et la position des côtes : 1o auprès de la côte d’Afrique, aussitôt que vous avez passé les îles Canaries, vous êtes sûr de trouver un vent frais de nord-est à environ 28 degrés de latitude nord ; ce vent passe rarement le nord-est ou le nord-nord-est, et il vous accompagne jusqu’à 10 degrés latitude nord, à environ 100 lieues de la côte de Guinée, où l’on trouve au 4e degré latitude nord les calmes et tornades ; 2o ceux qui vont aux îles Caribes trouvent, en approchant de l’Amérique, que ce même vent de nord-est tourne de plus en plus à l’est, à mesure qu’on approche davantage ; 3o les limites de ces vents variables dans cet Océan sont plus grandes sur les côtes d’Amérique que sur celles d’Afrique. Il y a dans cet Océan un endroit où les vents de sud et de sud-ouest sont continuels, savoir, tout le long de la côte de Guinée dans un espace d’environ 500 lieues, depuis Sierra-Leona jusqu’à l’île de Saint-Thomas : l’endroit le plus étroit de cette mer est depuis la Guinée jusqu’au Brésil, où il n’y a qu’en-