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pas considérable. Il y a aussi un pareil petit lac en Grèce, à 12 ou 15 lieues de Lépante ; ce sont là les seuls lacs de cette espèce qu’on connaisse en Asie ; en Europe, il n’y en a pas un seul qui soit un peu considérable. En Afrique, il y en a plusieurs, mais qui sont tous assez petits, comme le lac qui reçoit le fleuve Ghir, celui dans lequel tombe le fleuve Zez, celui qui reçoit la rivière de Touguedout, et celui auquel aboutit le fleuve Tafilet. Ces quatre lacs sont assez près les uns des autres, et ils sont situés vers les frontières de Barbarie près des déserts de Zaara ; il y en a un autre situé dans la contrée de Kovar qui reçoit la rivière du pays de Berdoa. Dans l’Amérique septentrionale, où il y a plus de lacs qu’en aucun pays du monde, on n’en connaît pas un de cette espèce, à moins qu’on ne veuille regarder comme tels deux petits amas d’eau formés par des ruisseaux, l’un auprès de Guatimapo et l’autre à quelques lieues de Réalnuevo, tous deux dans le Mexique ; mais dans l’Amérique méridionale, au Pérou, il y a deux lacs consécutifs, dont l’un, qui est le lac Titicaca, est fort grand, qui reçoivent une rivière dont la source n’est pas éloignée de Cusco, et desquels il ne sort aucune autre rivière ; il y en a un plus petit dans le Tucuman qui reçoit la rivière Salta, et un autre un peu plus grand dans le même pays, qui reçoit la rivière de Santiago, et encore trois ou quatre autres entre le Tucuman et le Chili.

Les lacs dont il ne sort aucun fleuve et qui n’en reçoivent aucun sont en plus grand nombre que ceux dont je viens de parler ; ces lacs ne sont que des espèces de mares où se rassemblent les eaux pluviales, ou bien ce sont des eaux souterraines qui sortent en forme de fontaines dans les lieux bas où elles ne peuvent ensuite trouver d’écoulement ; les fleuves qui débordent peuvent aussi laisser dans les terres des eaux stagnantes, qui se conservent ensuite pendant longtemps, et qui ne se renouvellent que dans le temps des inondations ; la mer, par de violentes agitations, a pu inonder quelquefois de certaines terres et y former des lacs salés, comme celui de Harlem et plusieurs autres de la Hollande, auxquels il ne paraît pas qu’on puisse attribuer une autre origine, ou bien la mer, en abandonnant par son mouvement naturel de certaines terres, y aura laissé des eaux dans les lieux les plus bas, qui y ont formé des lacs que l’eau des pluies entretient. Il y a en Europe plusieurs petits lacs de cette espèce, comme en Irlande, en Jutland, en Italie, dans le pays des Grisons, en Pologne, en Moscovie, en Finlande, en Grèce ; mais tous ces lacs sont très peu considérables. En Asie, il y en a un près de l’Euphrate, dans le désert d’Irac, qui a plus de 15 lieues de longueur, un autre aussi en Perse, qui est à peu près de la même étendue que le premier, et sur lequel sont situées les villes de Kélat, de Tétuan, de Vastan et de Van, un autre petit dans le Khorassan auprès de Ferrior, un autre petit dans la Tartarie indépendante, qu’on appelle le lac Lévi, deux autres dans la Tartarie moscovite, un autre à la Cochinchine et enfin un à la Chine, qui est assez grand, et qui n’est pas fort éloigné de Nankin ; ce lac cependant communique à la mer voisine par un canal de quelques lieues. En Afrique, il y a un petit lac de cette espèce dans le royaume de Maroc, un autre près d’Alexandrie, qui paraît avoir été laissé par la mer, un autre assez considérable, formé par les eaux pluviales dans le désert d’Azarad, environ sous le 30e degré de latitude, ce lac a 8 ou 10 lieues de longueur ; un autre encore plus grand, sur lequel est située la ville de Gaoga, sous le 27e degré ; un autre, mais beaucoup plus petit, près de la ville de Kanum, sous le 30e degré ; un près de l’embouchure de la rivière de Gambia, plusieurs autres dans le Congo, à 2 ou 3 degrés de latitude sud, deux autres dans le pays des Cafres, l’un appelé le lac Rufumbo, qui est médiocre, et l’autre dans la province d’Arbuta, qui est peut-être le plus grand lac de cette espèce, ayant 25 lieues environ de longueur sur 7 ou 8 de largeur ; il y a aussi un de ces lacs à Madagascar, près de la côte orientale, environ sous le 29e degré de latitude sud.

En Amérique, dans le milieu de la péninsule de la Floride, il y a un de ces lacs, au milieu duquel est une île appelée Serrope ; le lac de la ville de Mexico est aussi de cette espèce, et ce lac, qui est à peu près rond, a environ 10 lieues de diamètre ; il y en a un