Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 2.pdf/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre dans les terres par un large détroit rempli de plusieurs petites îles, entre la pointe méridionale de la terre de Kamtchatka et la pointe septentrionale de la terre d’Yeço, et il forme une grande mer méditerranée dont il est bon que nous suivions toutes les parties. La première est la mer de Kamtchatka, dans laquelle se trouve une île très considérable qu’on appelle l’île d’Amour ; cette mer de Kamtchatka pousse un bras dans les terres au nord-est, mais ce petit bras et la mer de Kamtchatka elle-même pourraient bien être, au moins en partie, formés par l’eau des fleuves qui y arrivent, tant des terres de Kamtchatka que de celles de la Tartarie. Quoi qu’il en soit, cette mer de Kamtchatka communique par un très large détroit avec la mer de Corée, qui fait la seconde partie de cette mer méditerranée ; et toute cette mer, qui a plus de 600 lieues de longueur, est bornée à l’occident et au nord par les terres de Corée et de Tartarie, à l’orient et au midi par celles de Kamtchatka, d’Yeço et du Japon, sans qu’il y ait d’autre communication avec l’océan que celle du détroit dont nous avons parlé, entre Kamtchatka et Yeço, car on n’est pas assuré si celui que quelques cartes ont marqué entre le Japon et la terre d’Yeço existe réellement, et quand même ce détroit existerait, la mer de Kamtchatka et celle de Corée ne laisseraient pas d’être toujours regardées comme formant ensemble une grande mer méditerranée, séparée de l’océan de tous côtés, et qui ne doit pas être prise pour un golfe, car elle ne communique pas directement avec le grand océan par son détroit méridional qui est entre le Japon et la Corée ; la mer de la Chine, à laquelle elle communique par ce détroit, est plutôt encore une mer méditerranée qu’un golfe de l’océan.

Nous avons dit dans le Discours précédent que la mer avait un mouvement constant d’orient en occident, et que par conséquent la grande mer Pacifique fait des efforts continuels contre les terres orientales : l’inspection attentive du globe confirmera les conséquences que nous avons tirées de cette observation, car si l’on examine le gisement des terres, à commencer de Kamtchatka jusqu’à la Nouvelle-Bretagne, découverte en 1700 par Dampier, et qui est à 4 ou 5 degrés de l’équateur latitude sud, on sera très porté à croire que l’océan a rongé toutes les terres de ces climats dans une profondeur de quatre ou cinq cents lieues, que par conséquent les bornes orientales de l’ancien continent ont été reculées, et qu’il s’étendait autrefois beaucoup plus vers l’orient ; car on remarquera que la Nouvelle-Bretagne et Kamtchatka, qui sont les terres les plus avancées vers l’orient, sont sous le même méridien ; on observera que toutes les terres sont dirigées du nord au midi : Kamtchatka fait une pointe d’environ 160 du nord au midi, et cette pointe, qui du côté de l’orient est baignée par la mer Pacifique, et de l’autre par la mer méditerranée dont nous venons de parler, est partagée dans cette direction du nord au midi par une chaîne de montagnes. Ensuite Yeço et le Japon forment une terre dont la direction est aussi du nord au midi dans une étendue de plus de 400 lieues entre la grande mer et celle de Corée, et les chaînes des montagne d’Yeço et de cette partie du Japon ne peuvent pas manquer d’être dirigées du nord au midi, puisque ces terres, qui ont quatre cents lieues de longueur dans cette direction, n’en ont pas plus de cinquante, soixante ou cent de largeur dans l’autre direction de l’est à l’ouest ; ainsi Kamtchatka, Yeço et la partie orientale du Japon sont des terres qu’on doit regarder comme contiguës et dirigées du nord au sud ; et suivant toujours la même direction l’on trouve, après la pointe du cap Ava au Japon, l’île de Barnevelt et trois autres îles qui sont posées les unes au-dessus des autres exactement dans la direction du nord au sud, et qui occupent en tout un espace d’environ cent lieues : on trouve ensuite dans la même direction trois autres îles appelées les îles des Callanos, qui sont encore toutes trois posées les unes au-dessus des autres dans la même direction du nord au sud ; après quoi on trouve les îles des Larrons au nombre de quatorze ou quinze, qui sont toutes posées les unes au-dessus des autres dans la même direction du nord au sud, et qui occupent toutes ensemble, y