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une idée ; c’est cette étendue qu’occupait la nébuleuse solaire dont nous avons parlé plus haut. D’autre part, le plus grand écartement qui existe entre les plans orbitaires des planètes étant d’environ 7 degrés et demi, la nébuleuse solaire avait la même épaisseur. D’abord absolument homogène dans toutes ses parties, cette gigantesque nébuleuse se refroidit peu à peu, par suite du rayonnement incessant de sa chaleur dans l’espace, et sa matière se condensa vers le centre. Elle se différencia ainsi en un immense noyau central entouré d’une atmosphère beaucoup moins dense. Le noyau et l’atmosphère ayant une origine commune et se trouvant en contact direct ou pour mieux dire se confondant encore au niveau de la périphérie du noyau, conservèrent le mouvement de rotation d’occident en orient, et le mouvement de translation autour de quelque astre plus volumineux que possédait la nébuleuse primitive. Le noyau devait, en se condensant de plus en plus, constituer le soleil. Le refroidissement de la totalité de la masse continuant à se produire, le rapport entre la force centrifuge qui maintenait l’écartement des molécules et la gravitation qui les rapprochait se modifia de plus en plus à mesure que la déperdition de chaleur augmentait. À un moment donné, la force centrifuge l’emporta sur la gravitation et la portion périphérique de l’atmosphère solaire se détacha du reste de la masse en une zone nébuleuse indépendante ; mais celle-ci dut continuer à se mouvoir dans la même direction que la nébuleuse primitive, car rien n’était venu modifier cette direction. Cette zone nébuleuse, en perdant du calorique par le rayonnement, dut se condenser en un globe d’abord vaporeux, incandescent et lumineux, représentant la première phase d’évolution de la planète la plus éloignée du soleil, c’est-à-dire Neptune. Les mêmes causes continuant à exercer leur action, de nouvelles zones de vapeurs se détachèrent successivement de l’atmosphère solaire, se condensèrent en globes incandescents et lumineux d’autant plus rapprochés du noyau central qu’ils étaient de formation plus récente. Tous ces globes, étant beaucoup moins volumineux que le noyau solaire, restèrent placés sous l’influence de son attraction et conservèrent les mouvements dont leur matière constituante était animée alors qu’elle faisait partie de la nébuleuse primitive, c’est-à-dire un mouvement elliptique de translation autour du soleil et un mouvement de rotation de chaque globe autour de son axe. Comme ces deux mouvements ne faisaient que continuer le mouvement de la nébuleuse primitive, ils se firent dans la même direction que le mouvement de rotation de cette dernière.

Avant leur complète condensation, ces globes purent, à leur tour, donner naissance à des satellites qui se comportèrent à leur égard comme ils le faisaient eux-mêmes à l’égard du soleil.

Après leur isolement et leur condensation, les planètes se trouvant formées d’une substance encore fluide ou gazeuse durent, sous l’influence de la force centrifuge, prendre la forme qu’elles ont aujourd’hui, c’est-à-dire se renfler