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Structure du soleil. Rappelons d’abord les traits principaux de la constitution physique du soleil. On ignore encore quelle est la nature de sa portion centrale, si elle est à l’état gazeux, liquide ou solide ; mais tout permet de supposer qu’elle est formée par un noyau incandescent. Ce dernier est entouré d’une couche périphérique que seule nous pouvons étudier et qui est connue sous le nom de photosphère. Celle-ci est manifestement formée de masses nuageuses, incandescentes, mais dont il est difficile de dire avec certitude si elles sont constituées par des liquides, des gaz ou des particules solides en combustion. Peut-être ces trois sortes d’état s’y trouvent-ils réunis. En observant cette couche superficielle du soleil, on y a découvert depuis longtemps des taches à fond noir et à bord irrégulièrement découpé, brillant, et à parois ombrées, dont la nature a été l’objet de bien des discussions. Aujourd’hui, on s’accorde généralement à admettre qu’elles sont dues à des dépressions de la couche périphérique, ou photosphère, du soleil, dépressions qui, selon les uns, n’auraient qu’une épaisseur relativement peu considérable, tandis que, d’après d’autres, elles seraient de véritables trous, perçant toute l’épaisseur de la photosphère et mettant à nu le noyau central du soleil. De la photosphère s’élèvent sans cesse des expansions irrégulières, incandescentes et très lumineuses qui atteignent parfois une grande hauteur et que l’on désigne sous le nom de protubérances. La photosphère est entourée d’une atmosphère gazeuse, incandescente, dont la portion profonde, mince, est formée par les vapeurs des éléments chimiques du soleil et dont la portion superficielle, beaucoup plus épaisse mais moins dense, se compose en majeure partie d’hydrogène gazeux incandescent. Enfin, en dehors de la chromosphère, on distingue une deuxième atmosphère moins lumineuse, la couronne, constituée par l’hydrogène incandescent et par les matières les plus légères que lancent les protubérances. Remarquons, en passant, que toutes les opinions émises relativement à la constitution physique du soleil s’accordent à considérer les parties les plus superficielles comme formées des substances les moins denses. La couronne et la chromosphère, par exemple, sont des gaz très légers, en combustion, tandis que la photosphère, en admettant même qu’elle soit formée de vapeurs, est constituée par des vapeurs beaucoup plus denses que celles des deux premières couches. J’ai dit plus haut que la question la plus discutée est celle des taches ; c’est aussi la plus importante. L’opinion la plus généralement admise aujourd’hui, relativement à la cause qui détermine leur production, est celle de M. Faye. D’après ce savant astronome, les couches qui composent la photosphère se déplacent autour du noyau central avec une vitesse d’autant plus considérable qu’on envisage des points plus rapprochés des pôles du soleil. Cette différence de vitesse des couches qui composent la photosphère détermine « des tourbillons verticaux tout à fait analogues à ceux qui se produisent si aisément dans les cours d’eau partout où une cause quelconque diminue