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de raies analogues aux raies de la vapeur d’eau de l’atmosphère terrestre, d’où il conclut non seulement à l’existence d’une atmosphère autour de cette planète, mais encore à l’identité ou, du moins, à l’analogie de composition de cette atmosphère avec la nôtre. Des observations répétées et confirmées les unes par les autres démontrent l’existence, à la surface de Mars, d’une atmosphère, de nuages, de mers, de glaces semblables aux nôtres ; on a cru même y découvrir la coloration caractéristique d’une végétation. À la surface de Jupiter, on a également reconnu d’une façon positive, la présence d’une atmosphère et de nuages identiques à ceux de la terre. De recherches récentes, il est permis de conclure avec certitude que Saturne possède également une atmosphère, et l’on peut supposer qu’il existe au niveau de ses pôles des glaces analogues à celles de la terre et de Mars. Quoique l’observation d’Uranus soit beaucoup plus difficile, à cause de la distance à laquelle nous en sommes, que celle des planètes précédentes, il résulte des recherches spectroscopiques faites pendant ces dernières années que cette planète possède une atmosphère analogue à celles de Jupiter et de Saturne. Enfin, Neptune, que sa très grande distance rend plus difficile encore à étudier, paraît être dans le même cas que les précédentes. M. Vogel, dit en effet, de son spectre qu’il « paraît être identique à celui d’Uranus ».

Analyse spectroscopique des astres. J’ai dit plus haut que toutes les planètes semblent être parvenues au même âge. Les observations spectroscopiques faites sur l’atmosphère qui enveloppe leur surface paraît, cependant, indiquer que leurs portions superficielles ne sont pas exactement dans le même état. Mars et Vénus présentent une atmosphère tellement analogue à celle de la terre par sa constitution physique et probablement aussi par sa composition chimique qu’on a pu émettre avec quelque fondement l’hypothèse que ces deux planètes sont à peu près exactement du même âge que la terre et qu’elles possèdent peut-être des êtres vivants analogues à ceux qui peuplent notre globe. Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, dont la densité est beaucoup plus faible, sont, au contraire, enveloppés d’une atmosphère assez différente de la nôtre pour que quelques astronomes aient cru pouvoir admettre que leurs couches les plus superficielles sont encore à l’état fluide. Si cette manière de voir était confirmée, on pourrait y trouver un argument en faveur de l’opinion du mathématicien Poisson, dont nous aurons à reparler plus tard, d’après laquelle la terre et les autres planètes se seraient solidifiées et refroidies, non point de la surface au centre, comme on le suppose généralement, mais, au contraire, du centre à la périphérie.

L’état d’incandescence du soleil rendant plus faciles les observations de spectroscopie, on a déjà cherché à pénétrer le secret de sa composition chimique. Or, toutes les observations faites jusqu’à ce jour permettent de croire qu’il est formé des mêmes substances qui entrent dans la composition de notre globe.