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mille fois plus grand que celui de la terre, le nombre des comètes est plus considérable qu’on ne le croit vulgairement : elles seules ont pu suffire pour allumer le feu du soleil avant la projection des planètes, et suffiraient encore pour l’entretenir aujourd’hui. »

Le lecteur a dû distinguer dans le système de Buffon deux parties différentes. D’une part, il s’efforce de démontrer que toutes les planètes, sans en excepter la terre, offrent dans leur constitution et leurs mouvements des caractères tels que tout porte à croire qu’elles sont de même nature que le soleil et qu’elles en sont issues ; d’autre part, il cherche à expliquer comment elles ont été séparées de l’astre qui, aujourd’hui, les éclaire et les réchauffe.

La première partie de ce système a été pleinement confirmée par les observations ultérieures. Elle constituait un immense progrès sur les opinions émises antérieurement à Buffon, même sur celle de Leibnitz. « Les planètes sont des soleils refroidis, » disait ce dernier. Buffon ajoute : « Les planètes et le soleil autour duquel elles se meuvent ont une origine commune ; non seulement les planètes ont été des soleils, mais encore elles ont fait partie du soleil. »

Analogies entre le soleil et les planètes. Toutes les découvertes faites depuis cent ans confirment l’existence des analogies signalées par Buffon entre le soleil et les planètes. En premier lieu, ainsi que Buffon le fait remarquer, toutes les planètes se meuvent autour de leur axe dans un même sens, qui est précisément celui dans lequel le soleil tourne sur lui-même. En second lieu, toutes suivent, dans leur mouvement de translation autour du soleil, une ellipse située dans un plan qui passe à la fois par leur centre et par celui du soleil ; toutes ces ellipses ne sont pas, il est vrai, situées dans le même plan ; mais l’écartement de leurs plans n’est pas très considérable, puisqu’il n’est, au maximum, que d’un peu plus de 7 degrés.

Buffon est le premier qui ait vu la signification réelle de ces faits et qui en ait déduit les légitimes conséquences. La même observation s’applique aux analogies qu’il signale entre la densité des planètes et celle du soleil, et aux rapports qui existent entre la densité des planètes et leur éloignement du soleil. D’après les données les plus récentes, si l’on prend pour unité la densité de la terre, on obtient pour les autres planètes les chiffres suivants : Mercure 1,376, Vénus 0,905, Mars 0,714, Jupiter 0,243, Neptune 0,216, Uranus 0,208, Saturne 0,121. En comparant ces chiffres, on s’assure que la planète la plus dense, Mercure, est aussi la plus rapprochée du soleil. La terre, Vénus et Mars, qui viennent à la suite, dans l’ordre des densités, sont plus rapprochées du soleil que les planètes les moins denses : Jupiter, Neptune, Uranus et Saturne. On peut objecter que la densité du soleil est moindre que celle de la terre, de Vénus, de Mars et de Mercure, et que le contraire devrait exister s’il était vrai que les planètes les plus rap-