Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/471

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Geoffroy Saint-Hilaire désirait de voir « apparaître dans tout son éclat » s’est fait jour ; elle est aujourd’hui admise par l’immense majorité des naturalistes et des philosophes, bientôt elle ne sera plus contestée par personne, mais cette vérité que des Français, Buffon, Lamarck, Geoffroy Saint-Hilaire, avaient les premiers signalée au monde, c’est sur des bases établies en dehors de la France qu’elle est édifiée. Cuvier et ses élèves ont tant fait d’efforts pour l’obscurcir et l’étouffer qu’ils ont du même coup ruiné dans notre pays les sciences naturelles elles-mêmes.

C’est en Angleterre, c’est en Allemagne, c’est en Russie, c’est en Hollande qu’ont été faites, de 1830 à 1850, presque toutes les découvertes d’anatomie comparée, d’embryogénie, d’histogénie, qui servent aujourd’hui de base inébranlable à la doctrine de l’évolution, et c’est en France, sa patrie première, que cette doctrine a le plus de mal à s’implanter.

Toutes les grandes idées qui la composent ont été cependant émises par Buffon, par Lamarck et par Geoffroy Saint-Hilaire.

Pour atteindre le but définitif, il suffisait de développer leurs idées, d’accumuler des arguments à l’appui des conceptions qu’ils avaient eues. La voie étant ouverte et nettement tracée, il n’y avait plus qu’à la suivre pas à pas, en récoltant tous les faits qu’ils avaient pour ainsi dire devinés.

La théorie du transformisme établie par les recherches modernes. La paléontologie ne tarda pas, grâce à l’impulsion vigoureuse qui lui avait été donnée par Cuvier, à combler un grand nombre des vides qui existaient entre les formes vivantes ; elle révéla une foule d’êtres intermédiaires aux grands groupes établis par les naturalistes ; les poissons, jusqu’alors isolés, furent reliés aux reptiles, tandis que le passage entre ces derniers et les oiseaux se trouvait comblé ; les oiseaux et les mammifères furent également rattachés les uns aux autres par des formes transitoires, témoins des évolutions subies dans le passé par les formes vivantes. Dans chaque groupe les formes les plus distinctes se trouvèrent reliées les unes aux autres.

L’embryologie fit davantage encore. Elle montra que tous les animaux, depuis le plus élevé jusqu’au plus inférieur, ont une phase unicellulaire commune ; que tous ceux qui se reproduisent par des œufs subissent des phases évolutives analogues, sinon identiques, et que, selon la vue générale de Geoffroy, chaque individu présente, plus ou moins nettement, dans le cours de son développement embryonnaire, les états auxquels se sont arrêtées les formes inférieures à lui.

L’histogénie révéla la même structure fondamentale dans tous les êtres ; elle montra que tout organisme, si complexe qu’il soit, n’est qu’une agrégation d’individualités, les cellules, à la fois autonomes et solidaires ; et elle put tracer les phases évolutives de chaque cellule, de chaque tissu, de chaque organe, de chaque membre, depuis la première minute de son développement jusqu’à ce qu’ils aient atteint le summum de leur croissance. Et partout elle