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ments chimiques qui ont lieu dans la composition atomique, et, partant, dans le mouvement moléculaire des plastides, lesquels changements sont produits, grâce à la mobilité extraordinaire des atomes constituants, par les influences variées du monde ambiant ou des conditions d’existence extérieures. Ces expériences dont nous parlons, les plastidules ne les oublient pas. Elles les transmettent aux descendants sous la forme d’une modification du mouvement plastidulaire primitif. Telle est au fond l’explication de l’hérédité : c’est la transmission du mouvement particulier des plastidules, transmission liée nécessairement à tout phénomène de reproduction. »

Partant de cette conception, Hæckel représente l’évolution de chaque individu comme un mouvement ondulatoire formé de deux termes, le mouvement transmis par l’individu qui lui a donné le jour et le mouvement acquis par l’individu lui-même, sous l’influence du milieu. L’évolution de toute espèce animale ou végétale est également représentée par un mouvement ondulatoire complexe : un mouvement hérité, et un mouvement acquis. Comme ces mouvements ne sont que les résultantes des mouvements des plastidules, il en déduit que[1] « le mouvement invisible des plastidules est, lui aussi, une ondulation du même genre », et il ajoute : « Cette dernière et véritable causa efficiens du processus biogénétique, nous l’appelons d’un seul mot la périgenèse, la genèse ondulatoire, rhythmique, des dernières particules vivantes ou plastidules. » Plus loin, il dit[2] : « Par l’hypothèse d’un mouvement ondulatoire ramifié et se propageant sans interruption, des plastidules, considéré comme la cause efficiente du processus biogénétique, nous voyons la possibilité de ramener l’infinie complexité de celui-ci au mouvement mécanique des atomes, lesquels sont ici, comme dans tous les phénomènes de la nature inorganique, soumis aux lois physico-chimiques. En donnant le nom de périgenèse à ce mouvement ondulatoire et ramifié des plastidules, nous voulons exprimer la propriété caractéristique qui distingue ce mouvement, en tant que ramifié, des autres processus rhythmiques analogues. Cette propriété repose sur la force de reproduction des plastidules, et cette force est déterminée par la composition atomique spéciale des plastidules. Or, cette force reproductrice, qui rend seule possible la reproduction des plastides, est synonyme de mémoire des plastidules. »

Je ne veux pas insister davantage sur l’esprit de cette théorie. Le lecteur en a, sans doute, maintenant une idée très nette. On peut la résumer en quelques mots, de la façon suivante : les cellules, unités, plastides des organismes vivants sont formées de plastidules, ou molécules élémentaires vivantes, douées d’un mouvement propre ondulatoire ; ce mouvement existe

  1. Hæckel, Essais de psychologie cellulaire, trad. fr., p. 75.
  2. Ibid., p. 77.