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membraneux la substance organisatrice, il est certain que le végétal acquiert un volume plus considérable, qu’il s’allonge et s’épaissit de jour en jour. » Mirbel suppose, on le voit, que « les cellules et les tubes » sont creusés dans « la substance organisatrice » par les liquides venus du sol ; les tubes se forment dans les points où le mouvement ascensionnel des liquides est le plus intense, les cellules, c’est-à-dire les cavités, ayant à peu près le même diamètre dans tous les sens, dans les points où les liquides sont à peu près en équilibre. D’après Mirbel tous les éléments (cellules et tubes) forment une sorte de tissu membraneux, continu dans toutes ses parties. « Les végétaux, dit-il, sont formés d’un tissu membraneux qui varie par sa forme et sa consistance non seulement dans les espèces différentes, mais encore dans le même individu. Le tissu membraneux, quoique continu dans toutes ses parties, forme deux espèces d’organes différents : le tissu cellulaire et le tissu tubulaire. » Il dit du tissu cellulaire : « Ce tissu offre à l’observateur une suite de poches membraneuses, qui paraissent, au premier coup d’œil, n’avoir aucune communication entre elles. Ce ne sont point de petites outres ou utricules, comme le disent la plupart des auteurs ; c’est une membrane qui se dédouble en quelque sorte pour former des rides contiguës les unes aux autres » et dont les parois sont munies de pores qui « établissent la communication d’une cellule à une autre et servent à la transfusion des sucs qui est extrêmement lente dans ce tissu. » Quant au « tissu tubulaire », il le considère comme formé de deux sortes de tubes : « les grands et les petits. Les grands tubes ne sont pas, comme on pourrait le penser, des canaux membraneux, séparés et distincts du tissu ; ce sont des ouvertures ménagées dans le tissu même, et elles n’existent que parce qu’il y a une lacune dans les membranes. » Il assigne une origine analogue aux petits tubes. En résumé, les cellules et les tubes ne sont pour Mirbel que des cavités creusées dans une substance fondamentale, « organisatrice », d’abord molle, puis durcie.

J’ai noté avec autant de soin cette opinion parce qu’elle marque l’une des phases les plus intéressantes de l’histoire de la cellule. En 1820, Moldenhaver parvient à isoler les cellules par la macération et démolit ainsi la doctrine de Mirbel. En 1830, Meyen commence à étudier le contenu des cellules ; en 1834, un botaniste anglais, Robert Brown, découvre dans les cellules un corps arrondi auquel il donne le nom de noyau. De 1843 à 1846, Nægeli et Hugo Mohl tracent la première histoire du contenu vivant de la cellule, auquel Hugo Mohl donne, en 1846, le nom de protoplasma. Schleiden, pendant ce temps, étudiait la formation des cellules et les considérait comme se développant toujours autour du noyau ; idée fausse, mais qui donna lieu, de sa part et de la part de beaucoup d’autres observateurs, à des recherches tellement importantes que Schleiden figure parmi les fondateurs de la théorie cellulaire. Dès ce moment quelques faits importants sont indiscutables : la cel-