Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

debout que les murs d’enceinte, le donjon et une seule tour. Il fit combler les fossés et exhaussa le sol jusqu’à la hauteur du mur d’enceinte, pour former une terrasse et des jardins qui dominent la campagne. »

Le château rebâti par Buffon n’eut guère d’autre architecte que lui et son beau-frère Benjamin Nadault, artiste, écrivain et magistrat. Son secrétaire, Humbert Bazile[1], en donne la description suivante :

« Il est de la plus simple apparence. Sa façade donne sur le pont qui sépare la ville de ses faubourgs. Une place en dégage les abords ; attenante à l’aile du midi, il existait avant la Révolution une chapelle sous l’invocation de saint Jean.

» Cette chapelle séparait le château de l’hôtel habité par Nadault, conseiller au parlement de Bourgogne et beau-frère de M. de Buffon.

» Chacun d’eux avait dans l’église une tribune qui communiquait avec ses appartements et d’où l’on pouvait entendre la messe, ce que M. de Buffon faisait toujours lorsque ses douleurs de vessie l’empêchaient de marcher et qu’il ne pouvait assister à la messe paroissiale.

» Les cuisines sont voûtées ; elles forment un sous-sol qui comprend les offices et de vastes dégagements. Le rez-de-chaussée est bas et distribué en un grand nombre de petits appartements occupés par les gens de service.

» Le premier étage est d’une belle proportion et d’une noble ordonnance ; les plafonds sont élevés, chaque pièce est meublée avec luxe : on y trouve douze appartements complets. La chambre de M. de Buffon est dans l’aile du nord ; elle est desservie par plusieurs cabinets et communique avec l’orangerie qui ouvre sur les jardins.

» Une antichambre tendue en cuir sépare cette partie du château de la salle à manger ; une galerie mène au salon ; celui-ci n’a d’autre décor que les oiseaux décrits dans l’Histoire naturelle. Ils sont peints sur vélin, et les cadres qui se touchent tiennent lieu de tapisserie ; au-dessus des portes sont des reptiles ; l’ameublement en point d’Aubusson représente divers sujets tirés des fables de La Fontaine. Les autres appartements suivent, aucun ne se surmarche. Du côté des jardins, une terrasse qui règne tout le long de la façade dessert les appartements du premier étage et domine ceux du rez-de-chaussée ; on y voyait autrefois un kiosque d’une construction légère et élégante ; il a été détruit pendant la Révolution ; il avait trois étages, où Mme de Buffon avait placé des pièces de porcelaine, cadeaux de princes et de souverains, dont elle s’occupait seule. À l’intérieur, de chaque côté de la porte, se trouvait une volière haute de plus de dix pieds dans laquelle elle élevait un grand nombre d’oiseaux d’espèces variées. Le parterre était rempli de fleurs ; une grille séparait ce pavillon des remises construites en face de l’entrée principale des jardins.

  1. Loc. cit., p. 23.