Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses molécules. Cette modification moléculaire est encore démontrée par ce fait que les fils dans lesquels on fait passer les courants, ne tardent pas à devenir plus cassants qu’ils ne l’étaient auparavant. Une expérience de de la Rive[1] peut nous donner une idée de la position que prennent les molécules sous l’influence du courant : plaçant de la limaille sur un fil de fer parcouru par un courant, il a vu les grains se disposer transversalement par rapport à l’axe longitudinal du fil et même former des anneaux tout autour de lui. Cette disposition perpendiculaire à la direction du courant nous permet de supposer avec quelque fondement que les atomes tourbillons du fil parcouru par le courant se disposent de façon à ce que leurs axes de rotation soient perpendiculaires à la direction du courant. C’est, en prenant cette position pendant le passage du courant et en l’abandonnant pendant l’interruption du passage, qu’ils déterminent les vibrations sonores signalées plus haut.

Dans un solénoïde, le fil étant enroulé en spirale, les axes des atomes tourbillons, en prenant une direction perpendiculaire à celle du fil, se trouvent devenir parallèles à la barre de fer doux que l’on place au centre du solénoïde pour la magnétiser. Par l’intermédiaire de l’éther qui les sépare des atomes tourbillons de la barre, ils agissent de façon à imprimer à ces derniers une direction semblable à la leur et une rotation dans le même sens. C’est, en effet, un principe admis par tous les physiciens que les axes de rotation des atomes tendent toujours, en tous cas, à devenir parallèles, de même que la rotation tend à se faire dans le même sens. Cette loi se trouve vérifiée dans des proportions infiniment étendues au sein de l’univers. Rappelons que tous les globes constituant le monde solaire ont leurs axes dirigés de la même façon et tournent dans le même sens. Il en est probablement ainsi de tous les astres qui entrent dans la composition de l’univers.

Résumons maintenant la théorie de l’électricité et du magnétisme que nous venons d’exposer : le courant électrique est déterminé par la différence de vitesse des atomes tourbillons des corps mis en contact ; le courant électrique n’est pas autre chose qu’un mouvement des atomes tourbillons, mouvement transmis par l’éther intermédiaire, déterminant un changement de position des atomes tel que leurs axes deviennent tous parallèles entre eux et perpendiculaires à la direction dans laquelle se propage le courant ; quand le courant cesse, c’est-à-dire quand on interrompt le contact des corps qui lui donne naissance, les atomes tourbillons reprennent leur position primitive. Rien de plus facile que d’expliquer l’action des courants sur les courants, des aimants sur les courants, des courants et des aimants entre eux ; ces actions ne sont que des transmissions du mouvement des atomes tourbillons d’un corps à un autre par l’intermédiaire de l’éther dans lequel ils sont plongés.

  1. Traité de l’électricité, t. Ier, p. 310.