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pression et partant à l’état électropositif. Vice versa, les atomes tourbillons dont la vitesse de rotation diminue seront en défaut de densité et de pression et partant dans l’état électro-négatif. Grâce au passage d’éther des atomes tourbillons en excès de densité à ceux qui sont en défaut de densité, l’équilibre de densité se rétablira parmi les atomes tourbillons dont les vitesses de rotation se seront égalisées pour former de nouvelles molécules. Les ondulations caloriques et lumineuses peuvent produire des actions chimiques en modifiant la vitesse de rotation des atomes tourbillons qui sont associés et constituent les molécules précisément en vertu de leurs mouvements rotatoires. » Il faut remarquer que Bunsen et Roscoë ont démontré que quand la lumière détermine une action chimique elle diminue d’intensité, d’où il faut conclure « qu’elle doit évidemment, ou engendrer un mouvement ou modifier celui qui préexiste dans les atomes qui se combinent » et que « la combinaison chimique elle-même est un travail mécanique ». Afin de donner une idée de la cause intime des phénomènes électriques qui se produisent dans les combinaisons et décompositions chimiques, M. Marco prend pour exemple l’oxygène. L’électricité constamment positive de ce corps quand il entre en combinaison signifie pour M. Marco que la vitesse du mouvement rotatoire de ses atomes tourbillons s’accroît constamment par le contact avec les atomes tourbillons des substances avec lesquelles il se combine, tandis que les atomes tourbillons de ces dernières se trouvent à l’état électro-négatif parce que leur vitesse de rotation diminue. Au contraire, au moment des décompositions, la vitesse de rotation des atomes tourbillons de l’oxygène diminuant pour rentrer dans l’état naturel, l’oxygène devient électro-négatif ; les atomes tourbillons de la substance avec laquelle l’oxygène était combiné augmentent au contraire de vitesse en revenant à leur état primitif et deviennent électropositifs.

Les changements de vitesse du mouvement rotatoire permettent encore d’expliquer les phénomènes électriques dus au changement d’état des corps, à la variation de leurs volumes et généralement à toutes les modifications moléculaires dont ils peuvent être le siège, soit sous l’influence de la chaleur ou de la lumière, soit sous celle des actions chimiques.

Après avoir exposé tous ces faits, M. Marco conclut : « L’électricité n’est donc pas un pur mouvement de la matière ainsi qu’on l’admet ordinairement, par une extension conforme de la théorie mécanique de la chaleur, mais une altération de l’équilibre quantitatif et dynamique de l’éther qui constitue les atomes des corps dans l’état naturel. Si cette altération se propage difficilement, elle donne lieu aux phénomènes de l’électricité statique ; si, au contraire, elle se propage facilement, moyennant le passage d’éther d’un atome à l’autre, elle donne lieu aux phénomènes de l’électricité dynamique[1]. »

  1. Hirn, Annales de chimie et de physique, 1867, t. XI, p. 73.